Grâce à Jules Isaac, la prière du « juif perfide » n’est plus chantée à Pâques dans les églises. Cet historien juif de la IIIe République a mené, au sortir de la guerre, un effort titanesque pour faire bouger les lignes au sein de l’Eglise
La chroniqueuse Isabelle de Gaulmyn apporte d’ailleurs un éclairage intéressant sur la signification littérale de cette prière : « Pendant des siècles, (…) les catholiques récitaient ce que l’on appelait la prière ‘pro perfidis judaeis’. Cela signifie littéralement « pour les juifs qui n’ont pas cru au Christ ». Mais c’était traduit, en français, comme la prière ‘pour les juifs perfides’. [Mais] c’est bien dans ce dernier sens qu’il était compris par la plupart des catholiques. »
Il se penche alors sur la littérature de l’Eglise catholique et montre comment l’antisémitisme (« l’enseignement du mépris ») a également pu être transmis par le biais des prières de l’église. Il propose un plan en 18 points, base d’un futur dialogue judeo-chrétien.
Il rencontre alors les responsables chrétiens et protestants, est reçu en audience par le pape Pie XII, mais meurt avant la reconnaissance par l’église de son rôle dans la transmission de l’antisémitisme concrétisée par le concile de Vatican II.
Depuis, à Pâques, les chrétiens prient pour le « peuple à qui Dieu a parlé en premier ».
Les chrétiens célèbrent Pâques sur le site de la Résurrection à Jérusalem
Cette année, les Pâques catholique et orthodoxe sont célébrées simultanément ; Pessah se poursuit jusqu’à lundi soir
Cette année, les Pâques de rite latin (catholique) et orthodoxe sont célébrées simultanément, tandis que les festivités de Pessah se poursuivent jusqu’à lundi soir.
Il faudra attendre jusqu’en 2025 pour que les deux Pâques chrétiennes coïncident de nouveau.
En entrant dans le bâtiment, les pèlerins ont pu découvrir l’extérieur du tombeau, dont la restauration s’est achevée le mois dernier.
Débuté en mai 2016, un vaste chantier a permis de consolider l’édicule de marbre qui surplombe le tombeau et de lui redonner ses couleurs d’origine.
Mais les pèlerins n’ont pas pu pénétrer dans l’édicule, car la messe catholique s’est déroulée à l’entrée de cet édifice.
« C’est merveilleux », s’est exclamé Michael Hanna 64 ans, un copte d’origine égyptienne qui a émigré en Australie en 1980. « On ne peut s’imaginer les sensations éprouvées en touchant les lieux que Jésus a lui même touchés. On ne peut pas décrire cela », a-t-il ajouté.
Il a rappelé avec émotion le traumatisme vécu par les coptes d’Egypte, frappés le 9 avril par deux attentats suicide dans des églises qui ont fait 45 morts.
Tin Nguyen, un Vietnamien de 24 ans qui travaille dans l’agriculture dans le sud d’Israël, a filmé la messe avec son téléphone portable pour ses amis qui n’auront pas la chance de venir à Jérusalem.
« L’esprit qui règne ici et la manière dont les gens se rassemblent au nom de Jésus sont empreints de spiritualité et de paix », explique-t-il.
Wajeeh Nusseibeh, 67 ans, membre d’une des deux familles musulmanes qui gardent traditionnellement les clés de l’église, estime qu’il y a eu moins d’affluence que les autres années en raison des difficultés économiques et des menaces qui pèsent sur les chrétiens orientaux en Irak et en Syrie.
« Nous espérons qu’il y aura la paix l’an prochain et que chacun acceptera l’autre », ajoute-t-il à l’entrée de l’église.
La tradition chrétienne situe au Saint-Sépulcre les derniers épisodes de la Passion du Christ, sa crucifixion, sa mise au tombeau et sa résurrection le matin de Pâques.
Les célébrations y sont organisées à des heures différentes dans le moindre détail pour éviter les frictions entre les différentes églises chrétiennes (grecque orthodoxe, catholique romaine, apostolique arménienne, copte, syriaque orthodoxe et éthiopienne orthodoxe) qui se partagent chaque recoin de la basilique.
Le Saint-Sépulcre se trouve à Jérusalem Est, dans la Vieille Ville.
Les chrétiens représentaient plus de 18 % de la population de Terre sainte lors de la création de l’Etat d’Israël en 1948, mais ils sont désormais moins de 2 %, pour la plupart orthodoxes.
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Fillon : la France doit « défendre » les chrétiens d’Orient
Selon le candidat, il y a “nécessité pour la France de les défendre, pas seulement parce qu’ils sont des chrétiens mais parce qu’ils représentent au Proche Orient la diversité”
« Je suis venu pour présenter mes condoléances aux coptes égyptiens qui vivent en France, par solidarité après les attentats qui ont été perpétrés en Egypte » la semaine dernière et « dire mon attachement aux chrétiens d’Orient », a-t-il déclaré sur le parvis de l’église Sainte-Marie Saint-Marc de Châtenay-Malabry.
Selon le candidat de la droite à la présidentielle, il y a « nécessité pour la France de les défendre, pas seulement parce qu’ils sont des chrétiens mais parce qu’ils représentent au Proche Orient la diversité ».
« Le jour où il n’y aura plus de diversité au Proche Orient, c’est la paix qui sera plus fragile et encore plus menacée », a estimé Fillon, qui se présente lui-même comme fervent catholique.
La communauté copte constitue la plus importante communauté chrétienne du Moyen Orient. Elle représente 6 à 10 % de la population égyptienne.
Deux attentats kamikazes revendiqués par le groupe EI ont frappé dimanche deux églises en Egypte, faisant 45 morts, quatre mois après une attaque contre une église du Caire dans laquelle 29 personnes avaient péri.
En décembre 2016, un kamikaze de l’EI s’était fait exploser dans une église du Caire, tuant 29 personnes.
Quelque 45 000 coptes vivent actuellement en France.