Le contrat de 500.000 euros entre le cabinet McKinsey et le gouvernement qui ne passe pas
Le Sénat auditionnait mardi des représentants du cabinet américain McKinsey pour tenter de déterminer leur influence sur le gouvernement. Une séquence, portant sur un contrat avec le ministère de l’Education, a été très commentée par les internautes. Par La rédaction – 19 janv. 2022 à 17:50
Mardi, les responsables français du cabinet McKinsey ont été auditionnés devant une commission d’enquête sénatoriale.
Celle-ci se penche sur « “L’influence croissante des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques », sujet qui a pris de l’importance tant la crise du Covid-19 a révélé l’importance des cabinets privés dans la prise de décision publique.
« C’est une somme assez conséquente… Ça a abouti à quoi précisément ? »
Mais c’est une séquence sur l’éducation qui a retenu l’attention – et choqué – de nombreux internautes.
La rapporteure communiste Éliane Assassi interroge Karim Tadjeddine, responsable du pôle Secteur public de McKinsey France : « Vous avez obtenu un contrat d’un montant de 496.800 euros pour « évaluer les évolutions du métier d’enseignant ». Vous pouvez nous dire à quoi a abouti cette mission ? »
Son interlocuteur est bien embarrassé pour répondre. La sénatrice le relance alors : « Je trouve que cette réponse est un peu imprécise. C’est une somme assez conséquente quand même… Ca a abouti à quoi précisément ? »
M. Tadjeddine évoque alors des travaux de « benchmarking, d’analyse » et l’organisation d’un séminaire en février 2021 avec des responsables enseignants. Pour près d’un demi-million d’euros d’argent public, donc…
Tout au long de leur audition, les responsables de McKinsey ont tenté de minimiser leur influence sur les décisions politiques, notamment dans la campagne vaccinale. Leur rôle est opérationnel plus que décisionnel, ont-ils assuré.
En pratique, McKinsey a joué dans la campagne vaccinale un rôle logistique, de coordination et de « benchmarking » par rapport aux autres pays.
Des missions qu’un agent public aurait sans doute aussi pu exercer, fait observer Eliane Assassi.
Le gouvernement promet de baisser de 15% les dépenses de conseil en 2022
Les dépenses des ministères auprès de cabinets de conseil baisseront de 15% en 2022, a assuré mercredi sur Europe 1 la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Amélie de Montchalin. « Dans ce quinquennat, les dépenses de conseil n’ont pas augmenté », a-t-elle affirmé. Débat des lecteurs12 débatteurs en ligneLe système éducatif répond-il aux besoins d’aujourd’hui ?OuiNon302 votes – Voir le résultatValérie Murisier CoutantNonDe nos écoles sortent de plus en plus de jeunes sans culture générale, incapables d’écrire sans faute et de rédiger un texte en bon français! Le calcu …Lire plus
4 millions d’euros de contrat avec le ministère de la Santé
Selon des chiffres avancés en février 2021 par la députée Véronique Louwagie, McKinsey a passé des contrats d’un montant total de quatre millions d’euros avec le ministère de la Santé entre mars 2020 et janvier 2021.
Depuis ces révélations, s’est amorcée une offensive parlementaire sur deux fronts, avec d’une part une mission d’information de l’Assemblée nationale qui a rendu mardi son rapport, et d’autre part cette commission d’enquête du Sénat.
Deux anciens McKinsey au gouvernement hollandais
Karien van Gennip et Wopke Hoekstra ont respectivement été nommés ministre des Affaires sociales et de l’Emploi et ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas, le 10 janvier 2022. En plus d’avoir comme point commun un ministère, tous deux sont également d’anciens consultants passés un temps chez McKinsey.
jamais deux sans trois, avance le célèbre dicton. Voire même quatre… Après la nomination de Kyriákos Mitsotákis en tant que Premier ministre de la Grèce en juillet 2019 (relire notre article) et celle de Jan Lipavský au poste de ministre des Affaires étrangères de la République tchèque (relire notre article), deux anciens McKinsey ont accédé à des fonctions de ministres, au gouvernement hollandais cette fois. Il s’agit de Karien van Gennip, nommée ministre des Affaires sociales et de l’emploi, et de Wopke Hoekstra, ministre des Affaires étrangères le 10 janvier 2022.
Karien van Gennip a passé plus de six ans dans le conseil avant de rejoindre la politique. Cette Néerlandaise de 53 ans, diplômée en physique appliquée de l’université de Delft (Pays-Bas) puis d’un MBA à l’Institut européen d’administration des affaires (INSEAD) en France, a démarré sa carrière dans le conseil, au sein du cabinet McKinsey. D’abord au bureau d’Amsterdam à partir de 1994, puis au bureau de San Francisco, où elle est restée de 1996 à 2002.
Elle a ensuite quitté le privé pour le public, en devenant responsable du projet de création de l’Autorité de contrôle des marchés financiers à Amsterdam (2002-2003), puis secrétaire d’État aux Affaires économiques (2003-2007), et députée, membre de la Chambre des représentants pour le parti politique centre-droit CDA (Appel chrétien-démocrate) jusqu’en septembre 2008.
Après ces cinq années dans le public, donc quatre en politique, Karien van Gennip a décidé de retourner dans le privé. De 2008 à 2020, elle a occupé différents postes au sein de la direction du groupe ING, dont celle de PDG d’ING Bank France de 2015 à 2020. Une responsabilité qu’elle a quittée en 2020 pour devenir présidente du conseil d’administration de la mutuelle VGZ aux Pays-Bas. L’ex-McKinsey est donc de retour dans la sphère politique de son pays d’origine, les Pays-Bas. Au programme de son mandat ministériel : s’atteler à d’importants chantiers, dont une réforme en profondeur du marché du travail.
République tchèque : le passage éclair du nouveau MAE chez McKinsey
La nouvelle coalition gouvernementale formée le 17 décembre 2021 en République tchèque a fait entrer trois membres du Parti pirate au gouvernement. Une première pour un pays de l’Union européenne.
Wopke Hoekstra est resté quant à lui plus longtemps, onze ans exactement, chez McKinsey : de 2006 à 2017. Depuis 2013, il était partner du cabinet. Mais ce Néerlandais de 46 ans n’a pas démarré sa carrière par le conseil. Après des études de droit puis, à l’instar de Karien van Gennip, un MBA à l’INSEAD en France et Singapour, il a rejoint le groupe Shell où il est resté deux ans à différents postes, entre Berlin, Hambourg et Rotterdam.
A la différence de Karien van Gennip, Wopke Hoekstra n’a pas attendu de quitter le conseil pour s’engager en politique. Il est élu sénateur en 2011 et vice-président du groupe CDA au parlement alors qu’il était encore chez McKinsey.
Lorsqu’il quitte le conseil en 2017, il démarre son tout premier mandat ministériel, aux Finances cette fois. Mandat qui a duré jusqu’en 2022. Avec sa nomination le 10 janvier au poste de ministre des Affaires étrangères, Wopke Hoekstra enchaîne donc un deuxième mandat ministériel. Il est également vice-premier ministre.
Mckinsey : l’État en mode Start Up, le nouvel âge de l’action publique, la REM est une Start-Up du cabinet McKinsey.
La nouvelle gestion publique ou le New Public Management est un concept américain des années 70 ou le public et le privé sont géré de la même manière à savoir une gestion rigoureuse des coûts et des dépenses. En France ce sont les cabinets de consulting qui ont introduit cette tendance après la vague de privatisation sous le premier ministre Jacques Chirac en 1986.
Le pouvoir politique pilote les stratégies et l’administration l’exécute. Avec McKinsey l’action publique française impose des réformes qui engendre un important mécontentement de la population avec une réduction des moyens.
Le programme de la campagne présidentielle de Macron a été rédigé par le cabinet McKinsey après l’échec de la loi Macron 2 rédigé aussi par le même cabinet de consulting. L’élection de Macron c’est le virage de la Start Up Nation et de la privatisation non pas des biens de l’Etat comme Alstom, mais de ses ministères. Le bilan de cette nouvelle stratégie est un effondrement de notre balance commerciale qui conclue à un déficit de 82 milliards d’euros, alors que l’Italie est excédentaire de 55 milliards . L’Obs révèle que le recours systématique à des cabinets de consultant pour la réforme de l’Etat et sa gestion nous a coûté entre 1 milliards et demi à trois milliards en une année.
- « Enquête. Les consultants qui ont pris le pouvoir au cœur des ministères. Les sommes versées aux cabinets de conseil par l’État oscillent entre 1,5 et 3 milliards d’euros par an. Soit l’équivalent du budget du ministère de la Culture ».
D’ailleurs sciences Pô qui est un vivier pour le personnel de McKinsey parle de cette réforme de l’action publique :
- « Un ouvrage sous la direction de Yann Algan, doyen de l’Ecole d’affaires publiques de Sciences Po et professeur d’économie, spécialiste de l’économie numérique et collaborative, et Thomas Cazenave, inspecteur des finances, directeur de cabinet adjoint du ministre en charge de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique, enseignant à Sciences Po et à l’ENA. Un ouvrage sous la direction de Yann Algan, qui rassemble les contributions de Jack Azoulay, Jean Bassères, Henri Bergeron, Alice Bougnères, Patrick Castel, Aude Costa de Beauregard, Laurent Cros, Elisabeth Grosdhomme Lulin, Marie-Christine Lepetit, Bruno Mettling, Alexandra Roulet, Karim Tadjeddine et Henri Verdier ».
Karim Tadjeddine est Directeur Associé Senior McKInsey à Paris, spécialiste des plans de transformation à grande échelle, ainsi que des stratégies de développement économique du secteur public.
Karim Tadjeddine est un soutien d’Emmanuel Macron depuis la première heure, et a participé en 2016 à un dîner de soutien du parti En Marche.
En Marche est une Start Up du cabinet McKinsey.
Avec Macron, les cabinets de consultants ont pris le pouvoir dans le secteur de la Santé, de la Défense, de l’Education, et dans tous les secteurs stratégiques de l’Etat français..