ISRAËL ELECTIONS : Naftali Bennet du parti « le foyer Juif », nouveau chef à droite ?

ISRAËL • Naftali Bennett, l’ascension à droite d’un nouveau chef…?

Religieux et moderne, Naftali Bennett, président de Habayit Hayehudi [Le Foyer juif], incarne une conception populaire de l’idéal sioniste. Selon les premiers résultats, son parti a obtenu 12 sièges aux législatives, faisant de lui un allié incontournable pour Nétanyahou.
 
A priori, Naftali Bennett, qui, à 40 ans, n’a jamais exercé de fonctions électives, n’est pas un candidat sérieux au poste de Premier ministre d’Israël. Pourtant, pendant la campagne, il est apparu comme l’élément le plus dynamique et le plus influent de la campagne électorale.  A en croire les politologues, il aurait donné des sueurs froides à Benyamin Nétanyahou pendant la campagne. Le phénomène Bennett pourrait transformer la coalition que devra former Nétanyahou, en équilibrant – ou en remplaçant – le poids des partis ultraorthodoxes par les forces plus nationalistes, modernes et religieuses.
 
La montée en puissance de Bennett est l’une des principales raisons qui poussent Nétanyahou à affermir son positionnement à droite. Naftali Bennett incarne une conception populaire de l’idéal sioniste contemporain. Il se dit convaincu qu’une solution du conflit israélo-palestinien ne verra pas le jour avant longtemps. Alors, au lieu de parler de paix, il plaide pour l’annexion – celle de près des deux tiers de la Cisjordanie considérée comme la Zone C, où 350 000 colons juifs sont installés. Pour Bennett, les Palestiniens qui y habitent pourraient dans ce cas demander la nationalité israélienne, à l’image de ceux qui vivent à l’intérieur des frontières israéliennes de 1948.
 
 

 

ISRAËL • Naftali Bennett, l’ascension à droite d’un nouveau chef

Religieux et moderne, Naftali Bennett, président de Habayit Hayehudi [Le Foyer juif], incarne une conception populaire de l’idéal sioniste. Selon les premiers résultats, son parti a obtenu 12 sièges aux législatives, faisant de lui un allié incontournable pour Nétanyahou
  • The New York Times |
  • Jodi Rudoren |
  • Naftali Bennett celèbre le bon résultat de son parti Habayit Hayehudi [Le Foyer juif] aux législatives, en compagnie de ses partisans, le 22 janvier à Tel Aviv.Naftali Bennett celèbre le bon résultat de son parti Habayit Hayehudi [Le Foyer juif] aux législatives, en compagnie de ses partisans, le 22 janvier à Tel Aviv.AFP
Résultats
Au lendemain du scrutin législatif, le Premier ministre Benyamin
Nétanyahou revendique un troisième mandat mais, après le dépouillement
de 99 % des bulletins, les blocs de gauche et de droite se trouvent au
coude-à-coude, rapporte Ha’Aretz. Chaque camp obtient
60 sièges. La liste du Likoud de Nétanyahou associé au parti Israël
Beiteinou ne recueille que 31 sièges, contre 42 en 2009. Nétanyahou
devrait pourtant être appelé à former le prochain gouvernement. Le parti
centriste Yesh Atid devient la deuxième formation du pays, avec 19
députés.

 

A priori, Naftali Bennett, qui, à 40 ans, n’a jamais exercé de fonctions électives, n’est pas un candidat sérieux au poste de Premier ministre d’Israël. Pourtant, pendant la campagne, il est apparu comme l’élément le plus dynamique et le plus influent de la campagne électorale. [Son parti, Le Foyer juif, a obtenu douze sièges, améliorant considérablement de 2009]. A en croire les politologues, il aurait donné des sueurs froides à Benyamin Nétanyahou pendant la campagne.

Le phénomène Bennett pourrait transformer la coalition que devra former Nétanyahou, en équilibrant – ou en remplaçant – le poids des partis ultraorthodoxes par les forces plus nationalistes, modernes et religieuses.“On assiste à l’expression politique des changements sociologiques intervenus dans la société israélienne”, commente le juriste Yedidia Stern.

Soulignant l’influence grandissante des sionistes dits religieux, Stern note que, “quelle que soit la question soulevée, du moment qu’elle est importante pour l’Etat d’Israël, c’est l’opinion de la communauté nationale-religieuse qui fondamentalement oriente le débat. Et, en politique, c’est Bennett qui la représente.”“C’est vraiment la première fois que Nétanyahou livre sérieusement bataille sur son flanc droit”, estime Stern. La montée en puissance de Bennett est l’une des principales raisons qui poussent Nétanyahou à affermir son positionnement à droite.

Naftali Bennett incarne une conception populaire de l’idéal sioniste contemporain. Il porte la kippa en tricot du sioniste religieux mais vit dans la prospère localité de Raanana, au nord de Tel-Aviv, et non dans une colonie de Cisjordanie, en invoquant la laïcité de sa femme pour se justifier. Il se dit convaincu qu’une solution du conflit israélo-palestinien ne verra pas le jour avant longtemps. Alors, au lieu de parler de paix, il plaide pour l’annexion – celle de près des deux tiers de la Cisjordanie considérée comme la Zone C, où 350 000 colons juifs sont installés.

Pour Bennett, les Palestiniens qui y habitent pourraient dans ce cas demander la nationalité israélienne, à l’image de ceux qui vivent à l’intérieur des frontières israéliennes de 1948. Il préconise également de “dresser la liste des 20 actions qu’il convient d’engager pour rendre la vie plus facile” aux habitants d’Israël, qu’ils soient juifs ou palestiniens.“Que ce soit bien ou non de procéder ainsi, qu’importe ? Nous sommes ici pour de bon, alors qu’est-ce qu’il faut faire maintenant ? En cherchant la perfection, on n’a fait que provoquer la catastrophe. Le temps est venu de penser autrement”, martèle-t-il. “Que ferions-nous à long terme ?” demande-t-il, avant de donner lui-même une réponse qu’on n’a pas l’habitude d’entendre en politique : “Je ne sais pas.”

 

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Naftali Bennett, la révélation radicale de la campagne israélienne

Pour une première, c’est un coup de maître. Arrivé à la tête du parti Maison juive le 6 novembre 2012, Naftali Bennett est en passe de doubler, aux élections législatives du 22 janvier, la représentation à la Knesset de ce dernier avatar en date du Parti national-religieux, bras politique traditionnel de la colonisation des territoires palestiniens occupés. La publicité (en anglais) ci-dessous résume bien son message de parti attrape-tout :

 

M. Bennett, qui plaide contre l’établissement d’un Etat palestinien et pour l’annexion de plus de 60% de la Cisjordanie, est un phénomène électoral : fils de juifs américains « montés » en Israël, passé par les unités d’élite de l’armée israélienne, il a fait fortune dans la high-tech (en vendant 145 millions de dollars -109 millions d’euros- sa société de protection des circuits bancaires Cyota) avant de se tourner progressivement vers la politique. Bras-droit de Benyamin Nétanyahou, alors chef de l’opposition après la guerre contre le Hezbollah, de 2006 à 2008, il devient ensuite le directeur général de Yesha, le Conseil représentatif des colons de Cisjordanie de 2010 à 2012. Parallèlement, il crée une force de frappe sur Internet, Israel cheli (Mon Israël) qui recrute des milliers de jeunes sympathisants ancrés à droite. Objectif affiché : lutter contre des élites jugés gauchistes ou post-sionistes, la célèbre radio de l’armée, Galeï Tsahal, est l’une de ses cibles.

Pas affaibli par les critiques

A ses côtés, on trouve Ayelet Shaked, 36 ans, présidente de Mon Israël et également bien placée sur la liste de Maison juive bien que non-religieuse. Cette dernière était également membre de l’équipe de Benyamin Nétanyahou avant qu’il accède au pouvoir.

En avril, il se met à son propre compte politique en rompant avec le Likoud jugé trop centriste et en se tournant vers Maison juive. Sept mois plus tard, au terme d’un efficace blitzkrieg, il se propulse à la tête de la formation, dont se rapproche ultérieurement le petit parti Tekouma. Rien ne peut désormais l’empêcher d’entrer triomphalement à la Knesset en janvier. Pendant la campagne, il ne commet qu’un seul faux pas lorsqu’il assure qu’il n’exécutera pas d’ordre d’évacuation de colonies, avant de se rétracter. Les attaques virulentes du Likoud et du Shass ne l’ont pas affaibli, pas plus que les dérapages de certains de ses colistiers.

A quarante ans, l’ancien prodige de l’informatique qui juge plus efficace de guerroyer pour la réécriture des contenus de Wikipédia plutôt que de brûler des oliviers appartenant à des Palestiniens, ne compte certainement pas se cantonner aux seconds rôles traditionnellement réservés à une extrême droite réputée pour son goût pour les guerres internes idéologiques (notamment entre religieux et non-religieux) amplifiées par la personnalité souvent incommode de ses mentors.

Naftali Bennett qui a grandi à Haïfa (Ayelet Shaked à Tel Aviv) a dirigé Yesha tout en résidant à Ranana, à l’ouest de la Ligne verte. Il veut bâtir des ponts entre Israéliens, colons ou non, religieux ou non. Nul doute qu’il rejoindra après les élections une coalition dirigée par M. Nétanyahou, mais certainement pas pour y jouer les utilités.

 

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