Cette position vis-à-vis d’Israël prend racine dans les débuts de la diplomatie de l’Indonésie, qui proclame son indépendance en 1945. Les Pays-Bas, chassés des Indes néerlandaises quand les troupes japonaises débarquent en 1942, reviennent dans l’archipel pour récupérer ce qu’ils considèrent comme étant toujours leur colonie. C’est le début d’un conflit qui ne prendra fin qu’en 1949, lorsque les Pays-Bas acceptent de transférer aux Indonésiens la souveraineté sur le territoire de leur ancienne colonie.
En 1946, la Ligue arabe, fondée en 1945 au Caire, émet une première résolution soutenant l’indépendance de l’Indonésie, puis une deuxième recommandant sa reconnaissance. En 1948, elle envoie un télégramme aux Nations Unies demandant un arrêt immédiat des actions militaires néerlandaises dans le pays.
Solidarité postcoloniale
Soeharto*, le successeur de Soekarno*, prendra le contrepied de ce dernier en matière de politique, sauf pour Israël. La Guerre des Six Jours va néanmoins changer l’attitude du régime. La suprématie militaire israélienne impressionne les généraux indonésiens. Des contacts officieux sont établis. Israël vend des armes, dont des avions de combat et des hélicoptères, à l’Indonésie. Des délégations d’hommes d’affaires israéliens se rendent en Indonésie. Les touristes israéliens obtiennent la possibilité de visiter le pays, tandis que les Indonésiens sont autorisés à se rendre en pèlerinage à Jérusalem. En 1993, le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin se rend en Indonésie. En 1997, l’homme d’affaires israélien Steve Stein est nommé consultant de la compagnie d’assurance d’État indonésienne PT Asuransi Jasindo, dans le but de promouvoir le commerce et l’investissement entre les entreprises des deux pays. Puis Jasindo ouvre un bureau à Tel Aviv.
[asl-article-tex]Cela n’empêche pas une croissance des échanges commerciaux entre l’Indonésie et Israël. En 2002 est créé l’Indonesia-Israel Public Affairs Committee (IIPAC), à la tête duquel est nommé un Indonésien juif qui a étudié en Israël, Benjamin Ketang, membre de la Nahdlatul Ulama. Ce n’est toutefois qu’en 2010 que l’IIPAC est officiellement inaugurée. L’année précédente, une Chambre de commerce Israël-Indonésie avait été établie à Tel Aviv. Les échanges commerciaux indonésiano-israélien atteignent 400 à 500 millions de dollars en 2015.[/asl-article-text]
Survols interdits
La vice-ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Hotovely déclare alors devant la Knesset qu’elle s’était auparavant rendue secrètement à Jakarta pour préparer la visite de Retno et que cette dernière avait violé l’accord convenu à ce moment-là. Lorsqu’en 2017, Netanyahou veut se rendre de Singapour à Sydney, son avion, qui appartient à la compagnie nationale El Al, n’obtient pas l’autorisation de survol du territoire indonésien et doit faire un détour par les Philippines et la Papouasie Nouvelle-Guinée, ce qui fait passer le temps de vol d’un peu plus de 7 heures à plus de 11 heures.
Les obstacles à la normalisation
Un normalisation souhaitée
En l’occurrence, sa grande alliée est la Nahdlatul Ulama. La motivation de l’organisation n’est pas la « judéophilie » d’un Gus Dur, qui aimait dire que son livre préféré était My Name Is Asher Lev de l’écrivain juif américain Chaim Potok. La Nahdlatul Ulama demande qu’on ne considère pas la question palestinienne comme un problème religieux mais humanitaire*. Cela dit, Yahya pense que les hommes de religion peuvent et doivent contribuer à la recherche d’une solution aux conflits qui ravagent notre monde. Cela inclut évidemment les dirigeants religieux musulmans. Pour cela, la plus grande organisation musulmane du monde considère nécessaire une réinterprétation du Coran au regard des défis du monde moderne.