Pas bien nouveau mais toujours poignant, la situation du peuple grec interroge. Nos médias nous assurent que la crise est derrière nous, personne ne le croit et surtout pas les grecs.
« Je me demande ce que peut encore endurer cette société avant qu’elle n’explose », a déclaré Georg Pieper, un psychothérapeute allemand spécialisé dans les troubles de stress post-traumatique qui font suite à des catastrophes, de gros accidents, des actes de violences, la libération d’otage et beaucoup d’autres choses. Mais cette fois, il parlait de la Grèce.
Mais ce qui se passe vraiment en Grèce n’est jamais évoqué par les médias. Georg Pieper parle de ce phénomène comme d’ »un formidable exploit de répression » : des femmes enceintes courent d’hôpitaux en hôpitaux, suppliant qu’on les admette pour les faire accoucher. Mais elles n’ont pas d’assurance santé ni même d’argent, et personne ne veut les aider. Les personnes qui appartenaient à la classe moyenne ramassent désormais les fruits et légumes qui sont laissés sur le trottoir quand les marchés s’arrêtent.
Le « traumatisme collectif » est le terme utilisé par Georg Pieper pour décrire cette société grecque dont le fond a été sorti de dessous. « Les hommes sont particulièrement touchés par la crise » étant donné que leurs salaires ont été réduit à néant avec la disparition de leur travail assure Georg Pieper. Ils sont donc remplis de colère contre un système complètement corrompu et un gouvernement qui ne cesse de les voler et qui a causé beaucoup de mal au pays. Ils sont aussi furieux contre les politiques de sauvetages internationales dont l’argent n’a bénéficié qu’aux banques, et non pas aux personnes comme eux. Ces hommes rabattent alors leur colère sur les membres de leur famille, et leurs fils évacuent cette haine dans les rues. Ce qui explique le nombre toujours plus important de gangs violents qui s’en prennent aux minorités.
« Dans une situation aussi dramatique que celle vécue en Grèce, l’être humain se transforme en prédateur, ne gardant à l’esprit que sa propre survie », explique Georg Pieper. « La simple nécessité le pousse dans l’irrationalité, et dans le pire des cas, cette irrationalité peut se muer en criminalité ». A ce stade, « la solidarité est remplacée par l’égoïsme » dans la société, précise-t-il.
Georg Pieper se demande donc « ce que peut encore endurer cette société avant l’explosion« . La Grèce est au bord de la guerre civile, affirme-t-il, et ce n’est plus qu’une question de temps avant qu’un désespoir collectif ne se transforme en violence et ne se diffuse dans tout le pays. Simple ricochet de la politique de sauvetage de l’euro.
Alerte Grèce