3 villes ultra-orthodoxes moins peuplées ont chacune plus de cas que Tel Aviv : Il s’agit de Beit Shemesh, Elad et Modiin Illit, dont certains habitants sont accusés de ne pas suivre les mesures
La communauté ultra-orthodoxe d’Israël continue d’être affectée de manière disproportionnée par l’épidémie de coronavirus, ont montré les données épidémiologiques publiées jeudi par le ministère de la Santé.
Les villes de Beit Shemesh, Elad et Modiin Illit ont chacune plus de cas actifs que Tel Aviv, le deuxième centre de population du pays, selon l’ensemble des données.
Tel Aviv, avec sa population de 450 192 habitants en 2018, compte actuellement 202 cas actifs, tandis que Beit Shemesh en compte 320, Elad 243 et Modiin Illit 252. Ces trois villes ont une population combinée de seulement 241 380 habitants.
Au début de ce mois, un haut fonctionnaire du ministère de la Santé aurait demandé que Elad et Modiin Illit soient déclarés zones sous quarantaine, permettant ainsi au gouvernement de limiter davantage les déplacements dans ces endroits afin de limiter la propagation du virus. Finalement, de telles mesures ont été déclarées pour Bnei Brak, la plus grande ville ultra-orthodoxe d’Israël, et des quartiers Haredi à Jérusalem.
De nombreux membres de la communauté ultra-orthodoxe ont tardé à respecter les règles de distanciation sociale et ont d’abord résisté à la fermeture des écoles et des synagogues, ce qui a entraîné des taux de contamination particulièrement élevés.
Certains membres de mouvements extrémistes ont continué à ignorer les réglementations sanitaires et se sont heurtés aux forces de sécurité qui tentaient de faire respecter les normes.
La capitale Jérusalem est toujours en tête du pays, avec 2 341 cas actifs, la plupart situés dans les quartiers de Haredi. Elle est suivie par Bnei Brak avec 1 753 cas. La majorité des villes figurant dans la liste des dix premiers cas de contamination par habitant sont majoritairement ultra-orthodoxes.
Depuis le début de la pandémie, Israël a connu 14 592 cas cumulés de coronavirus, dont 5 334 se sont rétablis depuis et 107 sont actuellement sous respirateur. Il y a eu 191 décès.
La semaine dernière, le gouvernement a assoupli les mesures de quarantaine d’urgence bloquant l’entrée et la sortie de Bnei Brak et de certaines parties de Jérusalem, et a levé d’autres restrictions dans tout le pays.
Le mois dernier, la Douzième et la Treizième chaîne ont toutes deux indiqué que les personnes ultra-orthodoxes représentent environ la moitié des patients atteints de coronavirus traités dans les principaux hôpitaux du pays.
La taille importante des familles Haredi et le fait que beaucoup de leurs communautés sont situées dans certaines des zones urbaines les plus denses d’Israël ont également rendu la lutte contre le virus extrêmement difficile.
L’histoire exacte des commentaires du grand rabbin de Strasbourg sur le COVID-19
Le Times of Israël rejette toute accusation de « sensationnalisme » soulevée à son encontre par Harold Abraham Weill sur le site Internet de France 3 Régions
Samedi 28 mars, le Times of Israël publiait un article intitulé « La majorité de la population juive de Strasbourg serait atteinte du Covid-19 », citant des propos du grand rabbin de Strasbourg et du Bas-Rhin, M. Harold Abraham Weill, prononcés le vendredi 27 mars lors d’un entretien téléphonique (en hébreu) avec la journaliste Nurit Canetti de Galei Tsahal, la radio de l’Armée israélienne.
Mais dans une interview publiée le 30 mars sur le site Internet de France 3 Grand Est et accordée à la journaliste Sabine Pfeiffer, le grand rabbin niait catégoriquement avoir tenu ces propos et accusait longuement le Times of Israël d’avoir écrit un article « cédant au sensationnalisme ».
Nurit Canetti : Et maintenant, nous sommes à Strasbourg, avec le rabbin Abraham Weill, membre du Conseil des rabbins d’Europe. Bonjour.
H. A. Weill : Shalom et bonjour.
Vous avez vous-même été atteint du coronavirus il y a environ deux semaines, n’est-ce-pas ?
Oui, exactement, oui.
Comment vous sentez-vous ?
Bien, grâce à Dieu, je me sens beaucoup mieux aujourd’hui. C’est long, ça prend, je crois, un peu plus de deux semaines à se remettre. Aujourd’hui, ça va et j’espère que ça ira mieux dans les jours à venir.
Vous êtes chez vous ?
Oui, je suis chez moi. Grâce à Dieu, je me sentais bien dès le début, malgré tous les symptômes. Bien sûr, j’avais de la fièvre, des maux de dos, de tête, une toux, mais pas trop fort, disons, et pendant pas trop longtemps. Les trois premiers jours je suis resté chez moi. La situation est tellement grave en France. Je n’ai presque rien à ajouter à ce qu’à dit votre invitée précédente…
…D’Italie
Oui, oui. C’est exactement la même situation à Strasbourg. Dans les hôpitaux, ils ne reçoivent plus ceux qui ne sont pas dans un état vraiment grave. J’ai parlé hier à un ami qui avait des symptômes beaucoup plus forts, qui était dans une situation vraiment dangereuse, et après une semaine pendant laquelle la fièvre n’est pas descendue, et avec une toux, et des difficultés à respirer, quand il est arrivé à l’hôpital, ils lui ont dit de rentrer chez lui, qu’ils n’avaient pas de place. « Si vous voyez que c’est vraiment dangereux, revenez vers nous, mais en attendant, restez chez vous, vous serez mieux chez vous qu’à l’hôpital. »
La situation à Strasbourg est, de manière générale, très difficile, et particulièrement dans la communauté juive, n’est-ce pas ? De nombreux membres de votre communauté juive sont malades.
Exact. Exact. C’est vraiment un phénomène effrayant. Chez nous, il est difficile de dire précisément combien de personnes ont été contaminées, mais j’estime que 50, peut-être 60, peut-être 70 %, je ne sais pas. Ce qui est clair, c’est que la majorité de la communauté a été contaminée…
Ouaw. Comment expliquez-vous cela ? Est-ce dû à la présence prolongée des gens, quand ils ne savaient pas qu’ils étaient contaminés, dans les synagogues et les écoles ?
Exact. C’est très probable. Et aussi les fêtes de Pourim.
Exact.
Je pense que tout a escaladé la semaine de Pourim. Même si nous avions déjà pris quelques mesures, c’est-à-dire que nous sentions que la situation évoluait et devenait dangereuse, nous avions déjà pris des mesures très sévères à l’approche de Pourim, mais il semble que ça n’a pas suffi, avec les mishloah manot, ou chacun donne à son prochain, lui donne un mishloah manot et les gens vont dans les maisons les uns des autres. C’est évident que ça a permis au virus de se propager, c’est évident.
Quelle est la taille de la communauté de Strasbourg ?
C’est une très grande communauté. On parle de 20 000 Juifs. Il s’agit d’une communauté, qui est très, je vais dire, [inaudible] d’une certaine manière, intégrée à la vie de la ville. Tout le monde sait qu’il y a plusieurs synagogues à Strasbourg, qu’il y a une grande communauté, cela fait partie de l’histoire de la ville. Strasbourg est la communauté juive la plus ancienne de France et la communauté de Strasbourg est l’une des plus grandes d’Europe.
Y-a-t-il eu beaucoup de morts parmi les membres de la
communauté ?
Pardon ?
Y-a-t-il eu beaucoup de morts, de la maladie ?
Grâce à Dieu, grâce à Dieu, sans vouloir donner sa chance au Satan, il y une personne qui était connue, pieuse, qui est décédée il y a exactement une semaine, Shabbat dernier, de cette maudite maladie, et nous prions pour qu’il n’y ait plus de décès dans la communauté. Il y a, de ce que je sais, une vingtaine de membres de la communauté, peut-être plus que vingt, parce que ça monte tous les jours, qui sont actuellement en soins intensifs, sous respirateur, dans le coma, dans une situation vraiment très grave. C’est possible que ce soit plus que vingt. J’espère et je prie pour qu’ils se rétablissent.
Et nous sommes avec vous. Vous arrivez, en tant que grand rabbin, à rester en contact avec les membres de la communauté, donner peut-être du hizouk rouhani (encouragements spirituels), peut-être par Internet ?
Exact. C’était très important pour nous, depuis le début. J’ai une équipe qui travaille avec moi qui fait un travail formidable et ils sont sur le terrain depuis le premier jour. J’ai une équipe tech qui s’occupe de l’aspect technique, et nous avons une plateforme Zoom active toute la journée, de 9h à 22h, qui propose tous les jours des programmes de cours, des programmes de toutes sortes, de musique, du matin au soir. Et aussi des prières collectives virtuelles, pour ceux qui souhaitent rester en contact, et des bénévoles qui appellent tous les jours des personnes âgées, isolées, seules chez elles et ils font, je ne sais pas, 500 appels par jour.
Rav Weill, savez-vous qu’aux Etats-Unis, particulièrement dans l’État de New York, des propos antisémites ont émergé, face à l’important taux de contagion au sein de la communauté juive de Brooklyn. Vous aussi, vous observez des appels à l’antisémitisme face à la contagion au sein de votre communauté et des autres communautés ?
Evidemment. Nous commençons à le voir sur Internet, sur Facebook, dans des dessins, sur le fait que les Juifs sont responsables de ce qui se passe. La ministre de la Santé [Agnès Buzyn], qui a démissionné il y a une quinzaine de jours, mais qui était en poste quand l’épidémie a commencé, elle est Juive, ou du moins son père est Juif, elle a un nom juif, elle est mariée à un Juif, qui s’appelle Levy. Tout le monde dit qu’elle savait avant, qu’elle voulait vendre le vaccin quand il arrivera…
Les autorités réagissent ?
Non, je pense que les autorités ont des choses plus graves à s’occuper. C’est ce qui passe sur Internet, on n’entend pas ça à la radio.
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Un éminent rabbin ultra-orthodoxe meurt du coronavirus aux Etats-Unis
Yaakov Perlow, qui dirigeait la dynastie hassidique Novominsker et Agudath Israel of America, avait mis en garde ses fidèles contre la pandémie
JTA — Yaakov Perlow, éminent rabbin ultra-orthodoxe également connu sous le nom de Rebbe Novominsker, s’est éteint mardi des suites du coronavirus meurtrier.
Perlow, descendant d’une lignée éminente de rabbins, est mort à son domicile dans le quartier Borough Park de Brooklyn, à New York, à l’âge de 89 ans.
Perlow avait succédé à son père et était devenu le chef rabbinique de la dynastie hassidique Novominsker. Il avait également fondé les yeshivot Novominsk Kol Yehuda à Borough Park.
« Cette perte pour le peuple juif et pour Agudas Yisroel est inestimable », a fait savoir Agudath Israel dans un communiqué, utilisant une orthographe alternative du nom.
Le mois dernier, alors que le coronavirus commençait à se propager rapidement à travers les communautés juives des États de New York et du New Jersey, Perlow avait vivement recommandé aux membres de la communauté de prendre au sérieux les conseils des experts médicaux.
« Nous devons être informés des faits marquant cette maladie et de ce que les médecins experts, les spécialistes des maladies infectieuses, nous disent de manière unanime », avait-il clamé dans un message transmis par vidéo.
« Nous ne pouvons plus nous comporter aujourd’hui comme nous l’avons fait la semaine dernière ou il y a deux semaines. On nous dit que, selon la loi juive, on doit écouter les médecins, qu’il s’agisse d’un malade à Yom Kippour ou d’un malade dont l’état exige de profaner le Shabbat, et ainsi de suite », avait-il ajouté.
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15 résidents d’une maison de retraite juive à Amsterdam décèdent du COVID-19
Le taux de mortalité fait de Beth Shalom la maison de retraite la plus durement touchée du royaume ; l’infection a commencé peu avant son confinement total
AMSTERDAM (JTA) — Au moins 15 personnes sont décédées dans la principale maison de retraite juive d’Amsterdam. Le virus a également infecté 22 autres personnes.
Le COVID-19 a commencé à frapper les résidents de Beth Shalom à la mi-mars. L’infection est intervenue juste avant que les responsables de l’établissement n’imposent un confinement, a déclaré mercredi un porte-parole de l’administration médicale Cordann, qui dirige la maison de retraite, au quotidien Het Parool.
Le 4 mars, alors que les Pays-Bas comptaient des dizaines de cas confirmés de coronavirus, des enfants de l’école juive Rosh Pina ont rendu visite à Beth Shalom.
Les Pays-Bas avaient choisi l’option d’une politique relativement souple de confinement que le Premier ministre Mark Rutte a qualifiée de « confinement intelligent ». Les écoles, certains magasins, les salles de sports et les restaurants ont fermé ainsi que les maisons de retraite qui sont sous confinement total. Les transports publics restent opérationnels et il n’y a pas d’interdiction de déplacement dans les villes hollandaises, comme c’est le cas en France.
Les communautés juives à travers l’Europe ont été durement touchées par le COVID-19. Au Royaume-Uni, il y a eu au moins 152 enterrements juifs pour des personnes qui sont mortes du coronavirus, selon le Conseil de députés des Juifs britanniques.
En France, au moins un cimetière avec une partie juive, Thiais, est quasiment plein après avoir accueilli plusieurs dizaines de dépouilles ces deux dernières semaines.
Différents experts estiment que les communautés juives ont été particulièrement affectées par le virus parce que leurs membres voyagent souvent. En outre, ils ont des cercles d’amis et de famille élargis et habitent principalement dans de grandes villes.
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COVID-19 : Les probables conséquences dans le milieu haredi, selon un expert
Les orthodoxes continueront de respecter leurs chefs rabbiniques malgré une réponse tardive au virus, mais pour Gilad Malach, beaucoup « vont se mettre à décider par eux-mêmes »
Parlons de ce qui a poussé le rabbin Kanievsky à décider que les établissements d’enseignement devaient rester ouverts, alors qu’ils étaient fermés dans le reste du pays. Quelqu’un lui a chuchoté à l’oreille que l’État voulait fermer les jardins d’enfants, et il a dit qu’il n’en était pas question.
Cet homme était son petit-fils Yanki. C’est lui qui mène la barque. C’est lui qui décide de tout. Il a présenté l’affaire à son grand-père de manière très brève et tendancieuse, sans lui donner toutes les informations [sur les dangers de la pandémie], ce qui l’a conduit à prendre la décision scandaleuse de ne pas fermer les institutions, alors que le gouvernement avait déjà décidé de les fermer. Les résultats sont durs.
Serait-il justifié de dire que ce Yanki est responsable de la situation actuelle ?
Trois raisons principales expliquent la situation actuelle. Premièrement, la direction – le petit-fils du rabbin Kanievsky, mais aussi lui-même. Le fait qu’il n’ait pas demandé plus d’informations est également une erreur. Il comprend qu’il y a une pandémie, alors pourquoi ne s’y intéresse-t-il pas davantage ? Dire seulement que la Torah va aider n’est pas sérieux. Tous les rabbins n’auraient pas agi de la sorte.
Avec tout le respect dû au rabbin Kanievsky, certains affirment qu’à 92 ans, il est devenu sénile et dit oui et amen à tout ce que les gens autour de lui suggèrent – qu’il ne comprend pas vraiment la situation.
Je ne sais pas s’il est sénile ou non. Mais un dirigeant est censé savoir s’il comprend quelque chose ou non. S’il se rend compte qu’il n’est pas en mesure de juger de telles choses, il doit le dire. Une partie de la responsabilité incombe aux dirigeants – cela inclut les rabbins et leurs « tribunaux », qui n’ont pas suivi les instructions du gouvernement. Son petit-fils en fait partie.
Le deuxième facteur est le gouvernement. Il est vrai qu’il n’est pas facile de communiquer des choses au public haredi, mais vous avez un ministre de la Santé ultra-orthodoxe qui a de bonnes relations avec cette communauté. Si seulement il était allé voir les chefs rabbiniques, les chefs communaux et les autorités municipales, qui ont une grande influence…
Soixante pour cent des ultra-orthodoxes vivent dans des villes ultra-orthodoxes ou à Jérusalem. Les dirigeants municipaux ont beaucoup de pouvoir. [Litzman] jouit d’une grande confiance, mais il ne l’a pas utilisée. Son ministère aussi aurait dû en faire plus.
Troisièmement, il y a le facteur objectif, si vous voulez – la grande densité dans les villes ultra-orthodoxes, et le fait qu’elles ne sont pas connectées à la technologie moderne. Ils n’ont pas vu les images que nous avons tous vues, sur le désastre en Italie et le sentiment d’urgence dans les conférences de presse [du Premier ministre Benjamin Netanyahu] et des choses comme ça.
Combien d’ultra-orthodoxes ignorent encore les instructions du gouvernement, ou tout le monde s’y conforme-t-il maintenant ?
Dans l’ensemble, la grande majorité des gens écoutent maintenant les instructions, ne quittent pas leur maison sans raison et ne vont même pas à la synagogue. Le grand défi maintenant, qui n’est pas exclusif aux ultra-orthodoxes, est la fête de Pessah, car c’est un jour férié où les gens ont l’habitude de rendre visite à leur famille, et il est difficile pour eux de ne pas le faire.
Il est difficile pour les ultra-orthodoxes de ne pas aller à la synagogue jusqu’à ce qu’ils se rendent compte qu’ils n’ont pas d’autre choix. Maintenant, il est également difficile pour eux de ne pas aller rendre visite à leurs parents âgés. C’est difficile, mais c’est vrai pour tous les Israéliens, pas seulement pour eux. Il peut donc être nécessaire de décréter une sorte de confinement la veille de Pessah pour tout le monde.
Mais je pense qu’il y a une grande inquiétude [au sujet du coronavirus], même au sein de la communauté ultra-orthodoxe. La combinaison d’une interdiction claire du gouvernement de sortir, du fait que les rabbins ont maintenant rejoint cet appel, et de l’application de la loi par la police, aidera.
Le rabbin Kanievsky a d’abord déclaré que les établissements d’enseignement devaient rester ouverts, ce qui, selon les experts, a inévitablement provoqué la contamination de milliers de personnes par le virus. Son mauvais jugement aura-t-il un impact durable sur la société ultra-orthodoxe ? La communauté contestera-t-elle l’autorité des sages âgés ou continuera-t-elle à régner en maître ?
D’une manière générale, lorsqu’un dirigeant échoue, il ressent très vite les contrecoups. Je me souviens de la deuxième guerre du Liban, il y a près de 15 ans. [Ehud] Olmert a commencé la guerre avec une très grande popularité ; son taux d’approbation était de 80 à 90 %. Mais à mesure que la guerre progressait et que le public avait l’impression qu’elle était menée de façon horrible, sa cote a chuté, et il n’a jamais pu s’en remettre.
Contrairement au passé, de nombreux ultra-orthodoxes ont regardé la vidéo [montrant le rabbin Kanievsky disant à son petit-fils de garder les établissements d’enseignement ouverts]. Ils ont vu qu’il ne comprenait pas vraiment le problème.
Un très grand pourcentage de la communauté se connecte à l’Internet, malgré l’interdiction des rabbins
Mais cette dépendance à l’égard de leurs chefs religieux est l’ancre de la communauté, elle est si profondément ancrée dans la société ultra-orthodoxe qu’il faut obéir au chef de la génération. Il est donc très difficile de faire le changement et de dire qu’il est peut-être moins pertinent dans certains domaines. Je ne prévois donc pas de révolution à cet égard.
Ce que je vois, c’est que beaucoup de gens vont commencer à prendre des décisions pour eux-mêmes pour certaines choses. Cette tendance, que nous constatons depuis un certain temps déjà, pourrait certainement être renforcée. Ces dernières années, nous avons vu plus de 10 000 ultra-orthodoxes fréquenter les institutions universitaires, malgré l’opposition des rabbins. Un très grand pourcentage de la communauté se connecte à l’Internet, malgré l’interdiction des rabbins.
Les gens disent donc : je respecte les chefs rabbiniques, je les apprécie, je vais même voter pour le parti qu’ils soutiennent. Mais dans mes choix personnels, je n’obéirai pas nécessairement. [La pandémie de coronavirus] pourrait certainement approfondir ces processus – qu’on appelle individualisme – concernant la prise de décision.
Il y a toujours eu des tensions entre les Israéliens laïcs et la communauté ultra-orthodoxe. Dans quelle mesure les événements de ces derniers jours vont-ils encore les exacerber ? Que se passerait-il si, Dieu nous en préserve, nous voyions le système de santé s’effondrer dans deux semaines parce que des milliers de personnes de Bnei Brak tomberaient malades ?
Le niveau d’hostilité est vraiment très élevé. Il y a beaucoup de colère contre les ultra-orthodoxes, à cause de la façon dont ils ont répondu aux instructions du gouvernement. Cela se traduit parfois par des commentaires très durs sur les réseaux sociaux et dans la presse. Cela existe, bien que je ne pense pas que cela puisse devenir violent.
Mais je pense que cela pourrait avoir des répercussions sur les lieux de travail. Nous sommes en pleine crise économique, avec un taux de chômage très élevé. Cela pourrait donc avoir un impact sur les employeurs qui pourraient dire : « Je ne veux pas me rapprocher des ultra-orthodoxes, ou je ne veux pas les laisser participer à mon entreprise.
D’autre part, lorsque la société ultra-orthodoxe est exposée à de telles choses, elle devient immédiatement défensive, comme un troupeau qui est attaqué et se rassemble.
La crise économique pourrait accélérer le processus d’intégration des ultra-orthodoxes dans la population active et leur ouverture aux études universitaires et à la technologie. Mais si le sentiment est que « à chaque génération, ils se lèvent pour nous détruire », et que ceux qui se lèvent pour les détruire sont maintenant les laïcs, cela va en fait ralentir ce processus, car cela renforce le sentiment d’appartenance au groupe.
En résumé, à votre avis, à quoi ressembleront les relations laïques-ultra-orthodoxes d’ici la fin de l’année ?
Je suis généralement optimiste. Je pense que la critique sévère des ultra-orthodoxes ne restera pas au centre de l’attention, mais plutôt la vie elle-même. Après tout, la plupart des personnes qui ne sont pas ultra-orthodoxes veulent leur intégration.
Et la volonté d’intégration prévaudra également du côté ultra-orthodoxe de l’équation – il n’y a pas d’alternative, étant donné la situation économique. Ces choses seront plus fortes, à terme, que les émotions fortes qui existent aujourd’hui.
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GB: pourquoi les Juifs sont-ils surreprésentés dans les décès liés au Covid-19 ?
Les responsables locaux tentent de déterminer les facteurs – âge, mode de vie, habitudes communautaires – pour comprendre pourquoi les Juifs semblent particulièrement vulnérables
Londres accueille un certain nombre de groupes d’immigrés et notamment plus de 800 000 Polonais et 600 000 Italiens, qui retournent fréquemment dans leurs pays d’origine en empruntant des vols de compagnies à bas prix.
« Cela ne soutient pas l’idée que les Juifs soient davantage exposés à la maladie à cause des voyages », dit Herschel Gluck.
L’âge et la vie dans la ville
Les Juifs sont plus âgés que la population générale et principalement concentrés à Londres – la ville qui a connu le plus grand nombre de cas de Covid-19 par rapport à toutes les régions du Royaume-Uni et qui serait en avance de plusieurs semaines par rapport au reste du pays concernant l’épidémie.
« Un effet Londres peut partiellement expliquer un décompte plus élevé », note Jonathan Boyd, se référant au fait que 60 % des Juifs britanniques vivent dans la capitale et ses alentours.
« La ville est l’endroit idéal pour la propagation d’un virus, et comme New York aux États-Unis, elle est à l’avant-garde de l’épidémie dans le pays », ajoute-t-il.
Les Juifs britanniques, ajoute-t-il, sont âgés – « 21 % ont 65 ans et plus contre 16,4 % dans l’ensemble de la population, et dans la mesure où le virus est plus virulent chez les seniors que chez les jeunes, les Juifs peuvent s’en trouver affectés de manière disproportionnée ».
Mais, continue-t-il, les Juifs sont également en meilleure santé que la moyenne – 5 % sont en mauvaise ou très mauvaise santé contre une moyenne nationale de 5,6 %.
Cela peut paraître outrageusement pointilleux mais « ce n’est pas une différence qui ne signifie rien, particulièrement si on garde à l’esprit notre profil d’âge », écrit Jonathan Boyd.
« Cet avantage est dû à des facteurs culturels et à notre statut socio-économique qui nous ont tous deux protégés contre la mauvaise santé », continue-t-il.
Pourim et la vie communautaire
Jonathan Boyd et plusieurs autres commentateurs ont noté la proximité entre la fête de Pourim, qui est tombée cette année le 9 mars, et l’éruption de l’épidémie de coronavirus en Europe.
A la synagogue St. John’s Wood de Londres qui, avec ses 1 300 sièges, est l’un des plus grands lieux de culte juifs de la ville, un rabbin a contracté le virus peu de temps après son retour d’une célébration de Pourim au Maroc. Il a passé de nombreuses heures à échanger avec des dizaines de fidèles avant de développer des symptômes et de se placer en quarantaine.
Des fêtes comme Pourim « rassemblent plus de personnes que d’habitude », ce qui a pu aider le virus à se répandre, estime Jonathan Boyd.
Plus largement, il peut y avoir « quelque chose dans la manière dont les Juifs organisent leur vie qui peut, par inadvertance, amener le virus à se propager parmi nous », ajoute-t-il. Un quart des adultes juifs se rendent à la synagogue au cours de la majorité des semaines de l’année, tandis que la proportion équivalente de chrétiens britanniques allant à l’église est de 10 % environ, remarque le directeur exécutif de l’Institut de recherche politique juive.
« Ce sont des environnements parfaits pour qu’un virus se propage », écrit-il. « Et ainsi, c’est chaque interaction sociale physique – ce qui est typiquement le ciment essentiel, même obligatoire, qui sous-tend la vie juive – qui devient dorénavant une menace mortelle ».