Partie de la société civile palestinienne en 2004, la campagne BDS a depuis pris une ampleur internationale. Sa déclinaison française, regroupe aujourd’hui une quarantaine d’associations et de partis politiques — dont le Parti de gauche, le NPA, la Confédération paysanne et les syndicats Solidaires et CNT. «Souvent les gens ne retiennent de notre action que le boycott des produits israéliens, note Jean-Pierre Bouché, dirigeant du collectif affilié Stop Apartheid à Toulouse. Or, nous incitons également les entreprises internationales à se retirer d’Israël, et les Etats à le sanctionner. Par ailleurs, le boycott a aussi une dimension académique et culturelle.» L’initiative ne manque évidemment pas de susciter des critiques. Dans un communiqué publié en juin, le président de la chambre de commerce France-Israël, Henri Cukierman, soulignait que «la loi française interdit le boycott en raison de la race, de la religion ou de la nationalité.» Assurant que «10% des Palestiniens travaillent pour des employeurs israéliens», il assimilait l’action du BDS à une nouvelle «Nuit de cristal», en référence aux attaques de commerces juifs menées en novembre 1938 dans l’Allemagne nazie.
Retournement de l’histoire et de situation ? En raison de la détérioration de ses relations avec l’Europe sur fond de crise en Ukraine, la Russie a décidé de se tourner vers Israël pour ses importations de produit agricoles. Ce changement de politique à Moscou arrive au moment même où les acheteurs à Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie et en Europe commencent à refuser d’importer les fruits israéliens, en signe de protestation contre l’opération militaire Bordure protectrice dans l’enclave palestinienne.
Presse Russe : « Spirale des sanctions entre Russie et UE : Israël grand bénéficiaire. Le ministre israélien de l’agriculture Yair Shamir expliquait récemment : « C’est une occasion unique pour nous et pour le marché russe. En effet, nous pouvons lui offrir une gamme de produits beaucoup plus large que celle sur laquelle il pouvait compter. Plus de fruits tropicaux et d’autres produits. En outre, nous disposons déjà d’une bonne expérience. Au cours des dernières années, nos exportations vers la Russie de pommes de terre et d’autres productions agricoles ont été multipliées par trois. Cela montre que les clients russes apprécient nos produits. Donc, c’est pour nous une chance inespérée. » Les pommes de terre polonaises seront partiellement remplacées sur le marché russe par des israéliennes ; un projet russo-israélien de construction d’une ligne de transformation de lait de chèvre est à l’ordre du jour dans la région de Vologda. Enfin, le ministre de l’agriculture de la république de Crimée a communiqué que la production de volailles allait être relancée dans la péninsule grâce à des investissements israéliens. Les producteurs israéliens redeviennent optimistes : les Russes sont disposés à acheter des fruits, légumes, fromages israéliens. Ils le disent ouvertement et veulent importer des produits “Made In Israel” en grande quantité.
Israël s’appuie fortement sur ses exportations dont un tiers va vers l’Europe. Selon un rapport du gouvernement, 250 millions de dollars des exportations annuelles israéliennes proviennent de zones considérées “en dehors des limites” par la communauté internationale : la Cisjordanie, Jérusalem-Est et le plateau du Golan. Le ministère israélien des Finances estime qu’une baisse de seulement 20 % des exportations vers les États membres de l’UE, pourrait coûter à l’économie israélienne 5,7 milliards de dollars en exportations annuelles, et une perte instantanée de 9800 emplois.
Pourtant, certains habitants des implantations dont les entreprises sont basées en Cisjordanie ne semblent pas trop inquiets. Yaacov Berg, co-propriétaire du vignoble Psagot, situé non loin de la ville palestinienne de Ramallah, a déclaré aux informations de la 2ème chaîne israélienne “qu’il n’y avait pas à s’émouvoir du boycott. Les gens ont boycotté les Juifs pendant 2000 ans. Si vous me demandez mon avis, nous n’avons jamais été dans une situation aussi bonne au cours des 2000 dernières années”.
Le patronat israélien a lancé une campagne contre un boycottage des produits israéliens fabriqués dans les colonies de Cisjordanie en expliquant que les Palestiniens eux-mêmes risquaient d’en faire les frais. Le président de l’Association des industriels, principale organisation patronale israélienne, Zvi Oren, a écrit à une trentaine de ses homologues européens et palestiniens pour les mettre en garde contre l’impact d’un boycottage sur l’emploi des Palestiniens. Selon les statistiques de l’association patronale, 22.500 Palestiniens sont employés dans les colonies en Cisjordanie. Sur ce total, 6.000 travaillent dans 600 entreprises industrielles appartenant à des Israéliens. Le reste est employé dans le bâtiment et l’agriculture. Par ailleurs, 28.250 Palestiniens travaillent légalement en Israël et près de 20.000 au noir, selon la même source. « Il est évident que si les entreprises situées de l’autre côté de la Ligne verte (en Cisjordanie ou à Jérusalem-Est) sont affectées par un boycottage, leurs employés palestiniens seront touchés », a déclaré à l’AFP Dany Catarivas, responsable de la section internationale de l’association.
Cette initiative a été prise à la suite de l’interdiction d’exportation à partir du 1er septembre vers l’Union Européenne de volailles et produits laitiers originaires des colonies israéliennes. « En accord avec de précédentes décisions, l’Union européenne ne reconnaît plus l’autorité des services d’inspection vétérinaire israéliens pour approuver l’exportation de volailles et de (produits laitiers) en provenance de colonies », a affirmé récemment un responsable européen. Les directives prises en ce sens par la Commission européenne en février s’appliquent aux colonies et zones industrielles produisant de la volaille et des produits laitiers à Jérusalem-Est, dans le Golan et en Cisjordanie, la communauté internationale considérant comme illégales les colonies érigées en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est annexée.
Ces appels au boycottage ne devraient avoir qu’un impact économique « insignifiant », selon Dany Catarivas. Sur les 45 milliards de dollars d’exportations israéliennes annuelles, seuls 200 millions à 300 millions proviennent des colonies, soit moins d’un demi pour cent des ventes à l’étranger. « Il ne faut toutefois pas traiter par le mépris ces appels au boycottage car ils portent jusqu’à présent sur les produits des implantations (les colonies), mais cela pourrait un jour déboucher sur une campagne visant tous les produits israéliens », dit-il.
L’accord de libre échange entre Israël et l’Union européenne exclut les produits venant des colonies, qui doivent acquitter des droits de douanes contrairement aux produits en provenance du territoire israélien.
Plus que jamais, « je maudirai ceux qui te maudiront… » Pauvre Europe, pauvre France…et bénie soit la Russie ?
Israël-Russie : Le Ministre de l’Agriculture Yair Shamir est Euphorique.
Israël gagne à toute vitesse des parts de marché dans le secteur agricole en Russie. Les israéliens (au moins le Ministre Shamir) semblent heureux par l’attitude très offensive de Poutine sur l’Ukraine qui finalement semble combler d’aise les firmes israéliennes du secteur agro-alimentaire.
Presse Russe : « Spirale des sanctions entre Russie et UE : Israël grand bénéficiaire. Le ministre israélien de l’agriculture Yair Shamir expliquait récemment : « C’est une occasion unique pour nous et pour le marché russe. En effet, nous pouvons lui offrir une gamme de produits beaucoup plus large que celle sur laquelle il pouvait compter. Plus de fruits tropicaux et d’autres produits. En outre, nous disposons déjà d’une bonne expérience. Au cours des dernières années, nos exportations vers la Russie de pommes de terre et d’autres productions agricoles ont été multipliées par trois. Cela montre que les clients russes apprécient nos produits. Donc, c’est pour nous une chance inespérée. »
Concrètement, les Israéliens sont d’ores et déjà impliqués dans le nouveau complexe de transformation de produits laitiers Petrovski, dans la région de Saint-Pétersbourg ; les pommes de terre polonaises seront partiellement remplacées sur le marché russe par des israéliennes ; un projet russo-israélien de construction d’une ligne de transformation de lait de chèvre est à l’ordre du jour dans la région de Vologda.
Enfin, le ministre de l’agriculture de la république de Crimée a communiqué que la production de volailles allait être relancée dans la péninsule grâce à des investissements israéliens.
L’Union européenne osera-t-elle faire pression sur Israël comme elle essaie de le faire sur les pays d’Amérique latine afin qu’ils ne lui prennent pas ses parts de marché auxquelles elle a très intelligemment renoncé par soumission aux Etats-Unis ? »
ISRAELVALLEY PLUS
Encore un retournement de l’histoire ? Les israéliens, qui vendaient des fruits en grande quantité aux Turcs, étaient assez inquiets ces derniers jours. Les dernières déclarations anti-Israël de Erdogan n’étaient pas bonnes pour le futur des relations bilatérales Israël-Turquie.
Arrive donc le boycott de la Russie sur (entre autres) les fruits Européens. Et là, Les producteurs israéliens redeviennent optimistes : les Russes sont disposés à acheter des fruits, légumes, fromages israéliens. Ils le disent ouvertement et veulent importer des produits “Made In Israel” en grande quantité.
L’Expansion (Copyrights) : » Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev, a décrété un embargo d’un an sur la plupart des produits alimentaires en provenance de l’Union européenne et des Etats-Unis. Une décision qui va impacter le secteur agroalimentaire français en provoquant un engorgement du marché intérieur.
Que représente la Russie pour le secteur agroalimentaire français?
La valeur des exportations françaises à destination de la Russie est estimée à plus d’un milliard d’euros par an. Par ailleurs, le potentiel russe est très important: la croissance des exportations françaises vers le pays est de l’ordre de 10%.
La Russie importe essentiellement fruits, légumes, fromages, viandes de porc et de boeuf depuis la France, en somme la plupart des produits visés par l’embargo décrété ce jeudi.
Les vins et spiritueux français sont également prisés des Russes [en 2013, 450 millions d’euros de boissons alcoolisées ont été expédiées en Russie, ndlr] mais ils échappent pour l’heure à la décision prise par Moscou. En somme, c’est toute une dynamique qui se trouve freinée par l’embargo russe ».
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Le Gouvernement Israélien Tente de Limiter l’Impact du Boycott.
Israël s’appuie fortement sur ses exportations dont un tiers va vers l’Europe. Selon un rapport du gouvernement, 250 millions de dollars des exportations annuelles israéliennes proviennent de zones considérées “en dehors des limites” par la communauté internationale : la Cisjordanie, Jérusalem-Est et le plateau du Golan.
Le ministère israélien des Finances estime qu’une baisse de seulement 20 % des exportations vers les États membres de l’UE, pourrait coûter à l’économie israélienne 5,7 milliards de dollars en exportations annuelles, et une perte instantanée de 9800 emplois.
Pourtant, certains habitants des implantations dont les entreprises sont basées en Cisjordanie ne semblent pas trop inquiets. Yaacov Berg, co-propriétaire du vignoble Psagot, situé non loin de la ville palestinienne de Ramallah, a déclaré aux informations de la 2ème chaîne israélienne “qu’il n’y avait pas à s’émouvoir du boycott. Les gens ont boycotté les Juifs pendant 2000 ans. Si vous me demandez mon avis, nous n’avons jamais été dans une situation aussi bonne au cours des 2000 dernières années”.
Mais d’autres voient dans la conjonction de l’accroissement de la pression internationale et de l’intensification de la politique de soutien du gouvernement israélien envers les implantations, une menace importante pour l’économie israélienne.
“Le problème ne va pas se limiter seulement aux sociétés basées en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Cela va se propager à toutes les entreprises israéliennes et à tous les secteurs… Même au secteur du High Tech qui, jusqu’ici, n’a pas été très affectés par le conflit”, a déclaré Melanie Robbins, directrice des relations internationales de “La paix maintenant”, une organisation qui lutte contre les implantations.
Il ne fait aucun doute que le gouvernement israélien est également inquiet. En 2011, la Knesset a adopté une loi interdisant les appels au boycott; le ministère des Affaires stratégiques a commandé pour 28,5 millions de dollars, une campagne de relations publiques visant à contrer ce mouvement en expansion, et le ministère des Affaires étrangères a expliqué que les campagnes internationales de critique de la présence israélienne en Cisjordanie étaient des tentatives visant à “délégitimer” Israël.
A. Daniel Roth est correspondant économique chez I24news
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Les Palestiniens feront les frais d’un boycott, disent les patrons israéliens
Par pour Courrier picard, Publié le 25/08/2014
Le patronat israélien a lancé une campagne contre un boycottage des produits israéliens fabriqués dans les colonies de Cisjordanie en expliquant que les Palestiniens eux-mêmes risquaient d’en faire les frais.
Le président de l’Association des industriels, principale organisation patronale israélienne, Zvi Oren, a écrit à une trentaine de ses homologues européens et palestiniens pour les mettre en garde contre l’impact d’un boycottage sur l’emploi des Palestiniens.
Selon les statistiques de l’association patronale, 22.500 Palestiniens sont employés dans les colonies en Cisjordanie. Sur ce total, 6.000 travaillent dans 600 entreprises industrielles appartenant à des Israéliens. Le reste est employé dans le bâtiment et l’agriculture. Par ailleurs, 28.250 Palestiniens travaillent légalement en Israël et près de 20.000 au noir, selon la même source.
« Il est évident que si les entreprises situées de l’autre côté de la Ligne verte (en Cisjordanie ou à Jérusalem-Est) sont affectées par un boycottage, leurs employés palestiniens seront touchés », a déclaré à l’AFP Dany Catarivas, responsable de la section internationale de l’association.
Dans sa lettre à ses homologues européens, Zvi Oren leur demande leur « assistance et leur soutien pour convaincre la communauté des chefs d’entreprises de vos pays de ne pas recourir à des moyens économiques pour pénaliser les industriels et les exportateurs israéliens ». « De telles actions ne pourraient qu’affecter de façon négative notre région en termes d’emplois et de croissance », du côté israélien comme palestinien, a prévenu Zvi Oren.
Il s’est notamment adressé aux responsables patronaux français, britanniques, allemands, espagnols, portugais et néerlandais.
Cette initiative a été prise à la suite de l’interdiction d’exportation à partir du 1er septembre vers l’Union Européenne de volailles et produits laitiers originaires des colonies israéliennes.
« En accord avec de précédentes décisions, l’Union européenne ne reconnaît plus l’autorité des services d’inspection vétérinaire israéliens pour approuver l’exportation de volailles et de (produits laitiers) en provenance de colonies », a affirmé récemment un responsable européen.
Les directives prises en ce sens par la Commission européenne en février s’appliquent aux colonies et zones industrielles produisant de la volaille et des produits laitiers à Jérusalem-Est, dans le Golan et en Cisjordanie, la communauté internationale considérant comme illégales les colonies érigées en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est annexée.
Une campagne BDS, pour « Boycott, désinvestissements, sanctions », a également été réactivée à l’étranger à la suite de la guerre dans la bande de Gaza déclenchée le 8 juillet et qui a coûté la vie à plus de 2.100 Palestiniens, dont une majorité de civils.
Ces appels au boycottage ne devraient avoir qu’un impact économique « insignifiant », selon Dany Catarivas. Sur les 45 milliards de dollars d’exportations israéliennes annuelles, seuls 200 millions à 300 millions proviennent des colonies, soit moins d’un demi pour cent des ventes à l’étranger.
En Cisjordanie, « nous n’avons pour le moment pas ressenti une baisse de nos ventes. Les Palestiniens apprécient nos produits car ils répondent à des critères d’hygiène alimentaire très stricts. De plus, les consommateurs palestiniens ne disposent pas dans la plupart des cas de produits alternatifs », dit Dany Catarivas.
« Il ne faut toutefois pas traiter par le mépris ces appels au boycottage car ils portent jusqu’à présent sur les produits des implantations (les colonies), mais cela pourrait un jour déboucher sur une campagne visant tous les produits israéliens », dit-il.
L?accord de libre échange entre Israël et l’Union européenne exclut les produits venant des colonies, qui doivent acquitter des droits de douanes contrairement aux produits en provenance du territoire israélien.
La colonisation est l’une des pierres d’achoppement des négociations de paix israélo-palestiniennes.
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La Russie se Tourne Vers Israël pour importer des Pommes et Mangues.
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Les appels au boycott de produits israéliens ont-ils un effet ?
Chaque jour en France et en Europe, les militants de la campagne BDS organisent des actions dont le résultat commence à se faire sentir.
Tintamarre sous les fenêtres de France 3 Lyon, actions ciblées dans les supermarchés, campagnes suractives sur les réseaux sociaux, la campagne BDS — Boycott, Désinvestissement, Sanctions —, fleurit tous azimuts. Son objectif ? Convaincre les citoyens de ne plus recourir aux marques et financements israéliens tant que l’Etat hébreu n’infléchira pas sa «politique coloniale». Depuis le début du conflit à Gaza, et malgré le cessez-le-feu illimité conclu mardi, l’ampleur des actions grandit à vue d’œil et ce, sur l’ensemble du territoire européen. Jeudi, c’est le festival du film de Bristol, en Angleterre, qui a renoncé à une partie de son financement par l’ambassade israélienne.
Il y a quelques jours, Libération a assisté à l’une de ces actions musclées mais pacifiques. Durant quelques minutes, cinq activistes ont pris possession des rayons d’un hypermarché de Seine-Saint-Denis pour expliquer aux clients pourquoi, selon eux, il ne faut plus acheter de produits israéliens. Une jeune femme se saisit d’un mégaphone et harangue, devant des vigiles plutôt placides : «Israël est un état colonial qui viole quotidiennement le droit international. Pourtant, Israël n’est pas au-dessus des lois. Tant que ce pays continuera, nous vous demandons de ne plus faire vivre ses entreprises. Nous ne désignons pas un peuple, pas une religion, mais une politique scandaleuse, inhumaine, et dommageable.» Massés autour, mi-curieux mi-amusés, les consommateurs écoutent attentivement. Les militants BDS se lancent alors dans l’énumération d’une longue liste de marques à délaisser, de fruits et légumes, boissons…
«Démarche concrète, citoyenne»
Dans les manifestations propalestiniennes qui ont animé l’été hexagonal, les leaders associatifs se pliaient au même exercice, donnant aux cortèges des petits airs de l’émission Téléshopping. Membre du Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens (CNPJDPI), Youssef Boussoumah décèle un réel engouement pour la campagne BDS, notamment auprès des jeunes : «Le ressort semble définitivement cassé entre eux et la politique. Beaucoup annoncent qu’ils ne voteront plus en 2017. En revanche, ils sont séduits par les initiatives de boycott car il s’agit, à leurs yeux, de démarches concrètes, citoyennes et efficaces.»
Partie de la société civile palestinienne en 2004, la campagne BDS a depuis pris une ampleur internationale. Sa déclinaison française, qui a pris du poids en 2009 dans la queue de comète de l’opération militaire israélienne «Plomb durci», regroupe aujourd’hui une quarantaine d’associations et de partis politiques — dont le Parti de gauche, le NPA, la Confédération paysanne et les syndicats Solidaires et CNT. «Souvent les gens ne retiennent de notre action que le boycott des produits israéliens, note Jean-Pierre Bouché, dirigeant du collectif affilié Stop Apartheid à Toulouse. Or, nous incitons également les entreprises internationales à se retirer d’Israël, et les Etats à le sanctionner. Par ailleurs, le boycott a aussi une dimension académique et culturelle.»
L’initiative ne manque évidemment pas de susciter des critiques. Dans un communiqué publié en juin, le président de la chambre de commerce France-Israël, Henri Cukierman, soulignait que «la loi française interdit le boycott en raison de la race, de la religion ou de la nationalité.» Assurant que «10% des Palestiniens travaillent pour des employeurs israéliens», il assimilait l’action du BDS à une nouvelle «Nuit de cristal», en référence aux attaques de commerces juifs menées en novembre 1938 dans l’Allemagne nazie.
«Uniquement contre des institutions»
Familier de cette accusation, les animateurs de BDS la contestent avec vigueur. «Nous ne nous mobilisons jamais contre des individus ou une communauté, mais uniquement contre des institutions, explique Imen Habib, une coordinatrice du mouvement. Jean-Pierre Bouché complète : «Nous ne déconseillons à personne d’écouter de la musique israélienne ou de voir les films d’Amos Gitai. En revanche, nous désertons les événements culturels patronnés par l’ambassade ou les consultats d’Israël.»
Le boycott des produits de consommation courante, notamment alimentaires, demeure l’aspect le mieux connu et le plus facilement applicable de la mobilisation. Sur Internet, plusieurs sites, dont celui du BDS, dressent la liste des marques à éviter. Expliquent que le nombre 729, censé caractériser les code-barres israéliens, est en réalité peu fiable. Et dénoncent, photos à l’appui, les supposées tricheries de certains magasins : telle mangue serait ainsi présentée comme dominicaine, alors que son étiquette porte la mention «Pays d’origine Israël». Pour aider ses militants, BDS réfléchit à lancer une application numérique pour guider le consommateur pendant ses achats.
«La situation affecte vraiment nos affaires»
Quel est vraiment l’impact de cette campagne ? Les groupes de grande distribution contactés par Libération n’ont pas souhaité commenter le phénomène. Tout au plus Auchan confirme-t-il être «confronté à des opérations de boycott», «étudier les suites à donner au cas par cas», et respecter scrupuleusement les règles d’étiquetage. Même discrétion chez le groupe pharmaceutique israélien Teva : «Ils ne veulent pas mélanger le business et la politique», explique une source proche de l’entreprise.
D’autres sont pourtant plus prolixes. «D’habitude, les gens se battent pour vendre nos produits, raconte Yinon Osem, PDG de l’entreprise Edom Fruits, basée dans un kibboutz de la vallée du Jourdain. Là, il se passe quelque chose, en France notamment. Aucun supermarché ne nous a formellement dit qu’il est confronté à un boycott. Mais on se rend compte que, s’ils ont une alternative à nos produits, ils ont tendance à la privilégier.» Un phénomène que l’entrepreneur attribue à «l’influence de la communauté musulmane». Même constat du côté de BeFresh, un groupe exportateur de fruits et légumes : «La situation affecte vraiment nos affaires, reconnaît Oron Ziv, l’un de ses représentant en Europe. Nous recevons des annulations de commandes. Nos clients semblent faire profil bas et attendre que la tension retombe.»
Certes, le conflit à Gaza n’est pas seul en cause : le contexte économique, de bonnes récoltes fruitières en Europe, les sanctions contre la Russie contribuent eux aussi à cette situation. Mais tant les médias que le gouvernement israéliens reconnaissent l’existence d’un boycott, et redoutent ses conséquences. En mars, avant même le début des opérations militaires à Gaza, le ministre des Finances Yair Lapid estimait qu’un tel mouvement pourrait coûter 2,3 milliards d’euros et près de 10 000 emplois à l’économie israélienne. Le Premier ministre Benyamin Nétanyahou a qualifié la perspective d’un boycott d’«immorale et injustifiée».
Pourtant, le mouvement semble bien s’être étendu ces derniers mois. D’autant que certaines initiatives sont d’une toute autre ampleur que celles de la campagne BDS. Plusieurs grandes entreprises européennes ont ainsi renoncé à des investissements en Israël, en raison de liens entre des sociétés locales et les colonies. A partir du 1er septembre, ces dernières cesseront par ailleurs d’exporter vers l’UE leurs volailles et produits laitiers, afin de se conformer à des directives européennes. Enfin, plusieurs pays européens, dont la France, déconseillent désormais officiellement d’investir dans les colonies israéliennes – considérées comme illégales au regard du droit international.
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