Attentat d’Istanbul : nouveau bilan de 43 morts, dont 19 étrangers. Les trois terroristes qui se sont fait exploser à l’aéroport international étaient russe, ouzbek et kirghiz
« Sur les 43 personnes qui ont perdu la vie dans cette attaque, 19 sont des ressortissants étrangers », a dit le ministre lors d’un discours au Parlement, ajoutant que 13 personnes, dont quatre étrangers avaient été placées en détention dans le cadre de l’enquête sur l’attentat. « Ce décompte ne comprend pas les kamikazes dont on connait l’indentité et la nationalité de l’un d’eux », a souligné le ministre.
Auparavant, un responsable turc a indiqué que les trois kamikazes qui se sont fait exploser à l’aéroport international étaient russe, ouzbek et kirghiz. « Nous pouvons confirmer que les assaillants d’Istanbul sont de Russie, d’Ouzbékistan et du Kirghizstan », a affirmé ce responsable sous couvert d’anonymat.
La police turque a procédé jeudi à 13 arrestations, dont celles de trois étrangers, lors d’une descente dans 16 adresses différentes d’Istanbul, avait annoncé l’agence Anadolu. Neuf autres personnes ont été arrêtées dans la ville portuaire d’Izmir (ouest), mais les responsables n’ont pas pu confirmer si ces arrestations avaient un lien avec l’attaque.
La tour Eiffel illuminée jeudi aux couleurs de la Turquie
La tour Eiffel sera illuminée jeudi soir aux couleurs rouge et blanche de la Turquie, en hommage aux victimes des attentats suicides à l’aéroport d’Istanbul, a indiqué la mairie de Paris. La maire de la capitale française, Anne Hidalgo, a pris cette décision « pour rappeler le soutien indéfectible de la ville de Paris aux victimes, à leurs proches et à l’ensemble du peuple turc », a précisé son premier adjoint Bruno Julliard lors d’une conférence de presse.
« Cette nouvelle attaque terroriste, comme toutes celles qui l’ont précédée, vise l’humanité même au travers des vies innocentes qu’elle détruit. Elle doit nous trouver unis et sûrs de nos valeurs, face à ceux qui n’en ont aucune », avait réagi Anne Hidalgo dans un communiqué peu après l’attaque. La Tour Eiffel, qui reçoit sept millions de visiteurs par an, s’était déjà illuminée le 13 juin aux couleurs arc-en-ciel du drapeau de la communauté homosexuelle en hommage aux victimes de la tuerie dans un bar gay d’Orlando, en Floride, par un homme qui ayant fait allégeance à l’EI.
L’Empire State Building de New York devait demeurer éteint mercredi soir en hommage aux victimes de l’attentat de l’aéroport d’Istanbul, qui a fait au moins 41 morts la veille, ont annoncé ses responsables dans un communiqué.
Le plus célèbre immeuble de New York est plusieurs fois resté dans le noir ces derniers mois, à mesure que les attentats se multipliaient. Cela a été le cas le 12 juin pour rendre hommage aux victimes de la fusillade d’Orlando, en Floride, qui a fait 49 morts.
Il en a fait de même le 23 mars après les attentats de Bruxelles, qui ont coûté la vie à 32 personnes le 22 mars.
Les 13 et 14 novembre 2015, il était resté éteint par solidarité avec les victimes des attentats de Paris, qui ont fait 130 morts.
L’attentat turc montre que la sécurité des aéroports dans le monde entier est une farce mortelle
Quel est l’intérêt de contrôles stricts aux portes de départ si n’importe qui peut entrer dans un terminal d’aéroport et commencer à tuer les gens ?
J’ai attendu dans les queues des salles de départ dans les aéroports de toute l’Europe pour le contrôle des bagages. J’ai attendu des siècles parmi la foule des passagers et des chariots à bagages débordants aux comptoirs, encore une fois, librement accessible à toute personne qui entrait dans l’aéroport.
J’ai enduré les rigueurs de la sécurité ostensiblement extra-strictes pour les vols de différentes compagnies aériennes européennes à Tel-Aviv, j’ai eu les semelles de mes chaussures scannées par deux fois, j’ai regardé les membres du personnel de sécurité agoniser pour établir si oui ou non un tout petit déodorant serait autorisé à bord, j’ai vu ma fille être emmenée dans une salle à part pour un nouvel examen non précisé, ma femme outragée à sa poursuite.
À l’aéroport de Newark, il y a quelques semaines, j’ai attendu derrière une famille dont la queue de cheval de leur fille – encore jeune – a été fouillée à plusieurs reprises et qui pleurait à chaudes larmes, déroutée parce que quelque chose sur elle n’arrêtait pas de faire sonner le détecteur de métaux.
Dans un autre aéroport nord-américain, j’ai attendu dans une queue qui n’avançait tout simplement pas parce que la membre du personnel d’exploitation du contrôle bagage n’arrivait pas à trouver une position confortable dans son fauteuil, n’arrêtait pas de glisser, faisait revenir le même sac rouge sur sa machine pour le vérifier et le revérifier parce qu’elle avait été dérangée par sa chaise à chaque fois qu’il était passé dans la machine, puis, consciente de la rogne croissante des passagers attendant, avait validé toute une rangée de sacs avec le plus rapide des examens afin que la queue avance à nouveau.
J’ai pris un vol d’un pays méditerranéen vers Israël dans une très longue semi-panique parce que plusieurs des grands jeunes hommes assis autour de moi pendant le vol avaient déclenché les détecteurs de métaux à la sécurité et avaient gaiement été autorisés à passer.
Vous avez sans doute eu des expériences similaires. Ou pires.
Mardi soir, des dizaines de personnes ont été abattues par des terroristes dans le troisième aéroport le plus fréquenté d’Europe, à Istanbul. Les détails du carnage ne sont pas encore tous connus, mais les tueurs ont visiblement réussi à pénétrer dans le terminal international de l’aéroport Ataturk et ont utilisé les armes à feu et les explosifs qu’ils portaient, produisant des effets dévastateurs dans la zone de stationnement, dans le hall des arrivées, à proximité d’un poste de contrôle de sécurité. Le personnel de sécurité était sur place, et leurs actions ont sans doute empêché des morts.
Les responsables turcs ont été cités disant que l’aéroport avait des contrôles de sécurité à l’entrée de ses terminaux. Le Premier ministre, Binali Yildirim, a affirmé que les tueurs étaient arrivés en taxi et, selon l’Associated Press, « il a exclu les manquements à la sécurité ».
Avec tout le respect dû à M. Yildirim, et avec beaucoup d’empathie pour les victimes, ce n’est tout simplement pas suffisant. Cela fait à peine trois mois qu’un autre attentat terroriste à l’aéroport de Bruxelles a été perpétré par des tueurs qui se promenaient dans le hall des départs avec des explosifs dans leurs valises avant de procéder à leur entreprise meurtrière.
La sécurité de l’aéroport d’Israël n’est pas parfaite. Nous aussi, nous savons ce que c’est que d’avoir des gens massacrés dans notre aéroport. Mais les autorités israéliennes ont depuis longtemps reconnu que les procédures de sécurité de l’aéroport, bien que rigoureuses, ne pouvaient être que partiellement efficaces s’il y a un grand trou béant de vulnérabilité avant que les voyageurs ne se rendent dans les bâtiments de leur terminal.
Et donc, à l’aéroport Ben Gourion, tous les véhicules entrant dans la zone plus large de l’aéroport sont soumis à un premier contrôle. Cela peut sembler superficiel ; en effet, c’est rapide. Mais tout simplement demander aux conducteurs d’ouvrir leurs fenêtres et leur lancer une question ou deux donne au personnel de sécurité une première occasion d’enregistrer quelque chose de suspect.
Il y a une deuxième vérification, encore une fois relativement sommaire, sur toute personne pénétrant dans le terminal – une autre occasion de détecter quelque chose d’anormal. Et puis il y a la question épineuse du profilage des passagers – un sujet sensible ; une épreuve pour certains passagers. Mais un processus qui permet à la sécurité d’Israël de concentrer son attention sur les voyageurs potentiellement plus problématiques et donc de réduire le risque pour tous les voyageurs.
Divers facteurs sont à l’œuvre dans les techniques de profilage de passagers israéliens. Il y a trente ans, à l’aéroport de Heathrow, El Al Security a trouvé une bombe dans les bagages d’une jeune femme irlandaise voyageant vers Tel-Aviv ; elle avait été cachée dans le double-fond de son sac par son petit ami jordanien. Aucun interrogatoire n’aurait pu inciter Anne-Marie Murphy à divulguer l’existence de la bombe, parce que Nezar Hindawi ne lui avait pas dit qu’elle était là. Elle était enceinte de lui et il allait les envoyer, elle, son bébé et le reste des passagers à la mort. Mais elle a fait l’objet d’une inspection particulièrement fouillée parce qu’elle voyageait seule, ne s’était jamais rendue auparavant en Israël, et avait acheté le billet peu de temps avant le vol.
L’accélération du rythme actuel du terrorisme international exige davantage que les procédures, désormais standard, de routine, et sans réflexion pour sécuriser les aéroports et les autres lieux où les gens se rassemblent en grand nombre.
Les attentats à Paris en novembre dernier soulignent, par exemple, l’efficacité de la sécurité bien que rudimentaire dans les stades de football, ce qui a peut-être dissuadé les terroristes, et comment l’absence de cette garantie dans des salles de concert peut s’avérer catastrophique.
Les terroristes ont échoué à entrer dans le Stade de France, où des gardes avaient été déployés davantage pour empêcher le hooliganisme que les assassinats. Les terroristes ont tué 90 personnes au théâtre du Bataclan, où il n’y avait pas de personnel de sécurité aux portes.
Déclarer de manière complaisante, quelques heures après un massacre dans votre aéroport, qu’il n’y a eu aucune défaillance de sécurité – eh bien, c’est simplement lancer une invitation au prochain groupe de tueurs. Inconsciemment, c’est également une invitation pour la plupart des aéroports du monde entier.