L’assemblée chargée de la rédaction de la nouvelle constitution en Egypte a voté jeudi en faveur du maintien des « principes de la charia » comme source principale de la législation. Elle est au coeur de l’antagonisme entre les Frères musulmans désormais au pouvoir et le camp libéral et laïque, qui souhaitait son abrogation. Ce processus est intervenu alors que l’Egypte traverse sa pire crise depuis l’élection en juin de Mohamed Morsi, un ancien cadre dirigeant des Frères musulmans, en raison de la décision du chef de l’Etat la semaine dernière de se doter de pouvoirs exceptionnels.
Plusieurs dizaines de milliers d’Égyptiens ont manifesté au Caire et dans d’autres villes du pays pour protester contre l’adoption d’un projet de Constitution qui prévoit de conserver la charia comme « source principale de la législation ». « A bas la commission constituante », scandait la foule sur la place Tahrir, tandis que des manifestants portaient des banderoles dénonçant la « dictature » du chef de l’Etat et de la formation dont il est issu, les Frères musulmans.
Comme dans l’ancienne Constitution, le projet fait des « principes de la charia » la « source principale de la législation », une formulation assez consensuelle en Egypte, qui ne fait pas des préceptes de la loi islamique la source unique du droit. Mais le projet ajoute une nouvelle disposition selon laquelle les principes de la charia doivent être interprétés selon la doctrine sunnite, une clause critiquée par les églises chrétiennes et les opposants non islamistes.
en réaction aux manifestations anti-MORSI de vendredi, des dizaines de milliers de militants Frères musulmans et salafistes ont manifesté samedi au Caire pour soutenir le projet de Constitution. Publié vendredi, le texte devrait être soumis à référendum dans les quinze jours après son approbation par le président. Il y a aujourd’hui deux Égypte. Celle de l’université s’embarrasse moins de précautions oratoires que le président, qui cherche à rassembler. Des drapeaux égyptiens flottent au dessus des têtes, avec l’inscription «il n’y a de Dieu que Dieu» rajoutée au milieu. Il y aussi les drapeaux noirs des salafistes. On scande et chante «Égypte islamique! Égypte islamique!» Ou «le peuple veut la charia de Dieu!» (la loi islamique). On conspue les juges, qui font grève, et la Haute Cour constitutionnelle, qui s’apprête à retoquer la «proclamation» qui, actuellement, donne provisoirement des pouvoirs étendus au président. «Morsi, supprime la Cour constitutionnelle!» s’écrie un militant des «Frères» au micro de la tribune. «Soyez patients! Ce sera la victoire de Dieu, pas la nôtre! Le peuple a pris sa décision, il veut la charia!» crie le meneur de jeu. Un des fondateurs du Mouvement salafiste d’Alexandrie, Cheikh Mohammaed Ismail al-Muqadim, présentateur sur une chaîne religieuse, détourne le slogan de la révolution anti-Moubarak: «Pain, liberté, charia islamique!» clame-t-il.
Nous ne pouvons que redouter une guerre civile et religieuse dans ce pays au bord d’une nouvelle révolution, anti-chrétienne et anti-laïque !
La charia maintenue comme source principale de la loi en Egypte
L’assemblée chargée de la rédaction de la nouvelle constitution en Egypte a voté jeudi en faveur du maintien des « principes de la charia » comme source principale de la législation. Cette formulation est identique à celle de la charte fondamentale en vigueur sous Hosni Moubarak.
Elle est au coeur de l’antagonisme entre les Frères musulmans désormais au pouvoir et le camp libéral et laïque, qui souhaitait son abrogation.
La décision de passer au vote sur un projet de texte a été annoncée mercredi à la surprise générale, la commission constituante ayant encore deux mois et demi pour finir ses travaux, jusqu’alors enlisés.
Les travaux de cette commission de 100 personnes ont été boycottés ces dernières semaines par de nombreux membres de l’opposition libérale et laïque ou représentants les églises chrétiennes. Ils dénonçaient la mainmise des islamistes sur cette instance.
Modalités de vote complexes
Les modalités de vote complexes prévoient que la commission se prononce un par un sur chacun des 234 articles à une majorité de 67% des votes. Les articles rejetés sont soumis à un second vote un jour plus tard avec une majorité réduite à 57 %. Si ces articles ne sont toujours pas adoptés, ils ne figurent pas dans la constitution.
Le projet une fois voté doit être transmis au président Mohamed Morsi, qui doit le soumettre à référendum sous deux semaines.
Ce processus est intervenu alors que l’Egypte traverse sa pire crise depuis l’élection en juin de Mohamed Morsi, un ancien cadre dirigeant des Frères musulmans, en raison de la décision du chef de l’Etat la semaine dernière de se doter de pouvoirs exceptionnels.
(ats / 29.11.2012 16h49)
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Des milliers d’opposants à la nouvelle Constitution égyptienne manifestent
« A bas la commission constituante », scandait la foule sur la place Tahrir, tandis que des manifestants portaient des banderoles dénonçant la « dictature » du chef de l’Etat et de la formation dont il est issu, les Frères musulmans.
Plusieurs cortèges conduits par des personnalités de l’opposition ont convergé vers la célèbre place du centre-ville, en traversant d’autres quartiers de la capitale.
Des manifestations étaient également signalées dans de nombreuses autres villes du pays.
Après des mois de blocage, les 234 articles du projet de Constitution ont été adoptés par une commission constituante convoquée d’urgence pour passer au vote, lors d’une séance-marathon entamée jeudi après-midi et qui s’est poursuivie jusqu’à vendredi à l’aube.
Le texte doit être remis samedi à M. Morsi, pour qu’un référendum soit organisé dans deux semaines sur ce texte qui doit remplacer la loi fondamentale suspendue après la chute de Hosni Moubarak début 2011.
Comme dans l’ancienne Constitution, le projet fait des « principes de la charia » la « source principale de la législation », une formulation assez consensuelle en Egypte, qui ne fait pas des préceptes de la loi islamique la source unique du droit.
Mais le projet ajoute une nouvelle disposition selon laquelle les principes de la charia doivent être interprétés selon la doctrine sunnite, une clause critiquée par les églises chrétiennes et les opposants non islamistes.
Le projet accorde également à l’Etat un rôle de « protection de la moralité » et interdit « l’insulte des personnes humaines » et des « prophètes », des dispositions dont certains redoutent qu’elles n’ouvrent la voie à la censure.
Mobilisation de l’opposition
L’opposition libérale et laïque, de même que les Eglises chrétiennes coptes ont boycotté les travaux de la commission, l’accusant de vouloir faire la part belle aux vues des islamistes.
L’organisation Human Rights Watch estime que le projet « protège certains droits mais en sape d’autres » et déplore son adoption « précipitée ».
Selon Amnesty International, le projet « ignore les droits des femmes, restreint la liberté d’expression au nom de la protection de la religion, et permet aux militaires de juger des civils ».
Des journaux privés ont décidé de ne pas paraître mardi prochain pour dénoncer un manque de garanties pour la liberté de la presse.
Le projet prévoit aussi que tout président ne puisse effectuer plus de deux mandats de quatre ans chacun, une volonté de rompre avec l’époque de M. Moubarak, resté trois décennies au pouvoir.
L’adoption en toute hâte de ce projet survient en pleine crise politique provoqué par un décret adopté la semaine dernière, par lequel M. Morsi s’octroie des prérogatives exceptionnelles, en particulier face au pouvoir judiciaire.
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Mme Navi Pillay, a écrit une lettre au président égyptien pour lui faire part de son inquiétude et lui demander de « reconsidérer » sa décision d’étendre ses pouvoirs.
Elle a par ailleurs dit à M. Morsi que « l’approbation d’une Constitution, dans ces circonstances, pourrait être une mesure générant encore plus de divisions ».
M. Morsi a une nouvelle fois promis jeudi soir à la télévision que ses pouvoirs renforcés étaient « temporaires » et cesseraient une fois la Constitution adoptée.
Ses partisans estiment que les dernières décisions prises vont permettre à l’Egypte, qui connaît une difficile transition politique, de se stabiliser et de consolider sa démocratisation. Ils ont appelé à des manifestations de masse samedi pour soutenir le premier président égyptien islamiste, élu en juin.
AFP
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Égypte : soutien massif des islamistes au président Morsi
Mots clés : Égypte, Le Caire, Mohammed Morsi
Par Pierre Prier Mis à jour | publié Réactions (80)
Samedi, au Caire.Crédits photo : KHALED DESOUKI/AFP
Des dizaines de milliers de militants Frères musulmans et salafistes ont manifesté samedi au Caire pour soutenir le projet de Constitution. Publié vendredi, le texte devrait être soumis à référendum dans les quinze jours après son approbation par le président.
Les manifestants pro-Morsi avaient reporté leur rassemblement, prévu mardi, pour ne pas causer de friction avec l’importante manifestation des libéraux, opposés à la Constitution, qui se réunissaient le même jour sur la place Tharir, lieu symbolique de la révolution anti-Moubarak. Samedi, les islamistes ont choisi de rester autour de l’université, à dix minutes de la place Tahrir où quelques milliers de personnes continuaient de camper pour réclamer le retrait de la Constitution, qu’ils jugent trop religieuse et dangereuse pour les libertés.
Les islamistes ont indéniablement réussi leur démonstration de force. À 16 heures, quatre heures après le début du rassemblement, des marches continuent d’arriver de plusieurs quartiers du Caire. Les manifestants viennent aussi de toutes les régions, amenés par des bus qui stationnent dans les avenues proches. La manifestation déborde largement de la vaste place de l’université. Le ton et l’allure des manifestants contrastent avec ceux de la place Tharir, mélange d’hommes et de femmes, de bourgeois, de gens du peuple et de chrétiens. Ici, la foule est presque entièrement masculine, populaire et majoritairement barbue.
On scande et chante «Égypte islamique! Égypte islamique!»
Il y a aujourd’hui deux Égypte. Celle de l’université s’embarrasse moins de précautions oratoires que le président, qui cherche à rassembler. Des drapeaux égyptiens flottent au dessus des têtes, avec l’inscription «il n’y a de Dieu que Dieu» rajoutée au milieu. Il y aussi les drapeaux noirs des salafistes. On scande et chante «Égypte islamique! Égypte islamique!» Ou «le peuple veut la charia de Dieu!» (la loi islamique). On conspue les juges, qui font grève, et la Haute Cour constitutionnelle, qui s’apprête à retoquer la «proclamation» qui, actuellement, donne provisoirement des pouvoirs étendus au président. «Morsi, supprime la Cour constitutionnelle!» s’écrie un militant des «Frères» au micro de la tribune. On dénonce les médias: une affiche rassemblant les portraits des principaux présentateurs de journaux télé est frappée à coups de chaussures. On s’attaque aussi aux leaders de l’opposition, parfois dans un style particulier: une banderole montre le président Morsi flanqué de «ses six femmes», à savoir les chefs de l’opposition coiffés de perruques… Une moquerie courante pour ridiculiser l’adversaire.
La quasi-totalité de la galaxie islamiste, majoritaire aux élections législatives, est présente: les Frères musulmans et leur Parti de la justice et de la liberté, le Mouvement salafiste et sa traduction politique, le parti al-Nour «(La lumière») et même le parti Wasat, («Le centre») qualifié de «modéré.» Les salafistes avaient oeuvré pour une version encore plus dure de la Constitution, mais malgré leurs réticences, ils ont décidé de soutenir le président.
«Pain, liberté, charia islamique!»
Difficile parfois de distinguer qui est qui: les salafistes ne portent pas tous la barbe longue et la robe courte «comme au temps du Prophète.» Et les militants des «Frères», à la barbe courte, tiennent souvent le même langage que les intégristes. «On a essayé tous les systèmes occidentaux, le socialisme, le capitalisme, que sais-je…Pourquoi ne pas essayer l’État islamique? Les gens en ont peur, mais ils ne l’ont pas essayé…» dit un commerçant d’Alexandrie, sympathisants des Frères musulmans, et fier de montrer sa carte d’identité: il s’appelle Mohammed Morsi, comme le président.
Toutefois, certains appartiennent visiblement à une tendance plus moderniste: «Un État normal avec un fond islamique, pas une théocratie», proteste Mohammed Chaaban, un pharmacien de la région du Fayoum, à 160 km au sud du Caire. Mais les orateurs qui se succèdent sur les tréteaux lancent des mots d’ordre bien plus radicaux dans la sono saturée: «Soyez patients! Ce sera la victoire de Dieu, pas la nôtre! Le peuple a pris sa décision, il veut la charia!» crie le meneur de jeu. Un des fondateurs du Mouvement salafiste d’Alexandrie, Cheikh Mohammaed Ismail al-Muqadim, présentateur sur une chaîne religieuse, détourne le slogan de la révolution anti-Moubarak: «Pain, liberté, charia islamique!» clame-t-il.
Pour lui comme pour tous les manifestants, c’est ici, à l’université, que sont les vrais révolutionnaires. Ceux de la place Tahrir sont noyautés, dit-il, par les anciens du régime Moubarak. Deux Égypte pour une révolution. Les partisans de Morsi sont convaincus de gagner. «Il y aura 70 % de ‘oui ‘ au référendum» assure Mohammed Chaaban, le pharmacien du Fayoum.
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