Initiative de paix arabo-française : ISRAËL en danger !

 L’Initiative de paix arabe » : «  la meilleure option pour résoudre le conflit »! Et Israël a des objections ! Par Dora Marrache

« L’Initiative de paix arabe » : «  la meilleure option pour résoudre le conflit »! Et Israël a des objections ! Par Dora Marrache

CHRONIQUE

« Peu importe combien de mains se lèvent contre nous, aucun pouvoir au monde ne peut me contraindre à faire des concessions sur la sécurité d’Israël. Aucun pouvoir dans le monde ne peut rompre le lien de milliers d’années entre le peuple d’Israël et la Terre d’Israël. » Benjamin Netanyahou

Vendredi 3 juin 2016 : Au pays des Droits de l’homme, Conférence internationale (30 pays) pour la paix au Proche-Orient

But : Création d’un État palestinien

Moyen : Plan d’Initiative arabe de 2002

Une fois qu’il aura été créé, l’État palestinien donnera à Israël le droit d’exister et de vivre dans une paix relative. Car si on veut parler sans langue de bois, c’est bien de cela qu’il s’agit.

La France considère que la situation est explosive, donc qu’elle se doit d’agir : « On ne peut rester sans rien faire, il faut agir avant qu’il ne soit trop tard », dit Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères. «Entre 2002 et 2014, la colonisation israélienne a explosé: 14 600 personnes et 2 300 mises en chantier de plus tous les ans. Ces chiffres sont vécus difficilement sur le terrain.»

Et toujours selon Jean-Marc Ayrault, cette situation «alimente les tensions régionales et nourrit la propagande de Daech». Alors, au lieu de s’interroger sur le pourquoi du comment, les Européens trouvent plus commode de vivre dans le déni de la réalité et ils aboutissent ainsi  à la conclusion suivante : le seul moyen de mettre fin au terrorisme, c’est de donner un État aux Palestiniens.

Résultat : Au terme de cette conférence, la montagne a accouché d’une souris. En effet, le communiqué final rappelle que tous les participants admettent que  « la solution à deux Etats est la seule voie pour arriver à une paix durable, avec Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité ». Et que l’État palestinien sera créé « sur la base de l’Initiative de paix arabe de 2002 ».

1 – Principaux points du plan de l’ « Initiative de paix arabe »

       – «La Terre contre la Paix» : Plan que l’on peut résumer ainsi : « La Terre contre la paix », une proposition du prince Abdallah, l’homme qui dirigea  l’Arabie Saoudite jusqu’à sa mort en 2015.

 

Toujours la même option, toujours la même rengaine basée sur le même principe, mais qu’on préfère ne pas énoncer, celui de «La Terre contre la Paix». Un principe qui ne figure ni dans la Résolution 242 ni dans quelque Résolution que ce soit. Une forme de chantage inacceptable qui revient à dire : Si vous ne nous donnez pas les territoires qu’on demande, on vous fera la guerre!

Le Plan saoudien que les Européens recommandent aux Israéliens d’adopter en 2002 est un ‘remake’ des propositions  faites aux Américains par les Saoudiens en 79, 81, 82.  Puis il a été relancé, toujours sans succès, au Sommet de Ryad en 2007. Un plan que le gouvernement Sharon avait rejeté du revers de la main en 2002. Il prévoit la création d’un État palestinien

– sur l’ensemble des Territoires occupés incluant le Golan syrien et les territoires du Sud-Liban

– avec Jérusalem-est pour capitale;

avec une solution viable pour les réfugiés palestiniens.

En clair, cela veut dire :

Retour aux « frontières de 67 » = retour à la Ligne verte (ligne de cessez-le-feu de 48) = Retour à la situation d’avant 67= État juif très vulnérable

Ce qu’avait d’ailleurs souligné dès 73 Lord Caradon, qui fut « l’architecte » de la Résolution 242 et le représentant permanent du Royaume-Uni auprès des Nations unies : « Je connais très bien la frontière de 1967, avait-il déclaré. Ce n’est pas une frontière satisfaisante. C’est celle où les troupes on dû s’arrêter, à l’endroit même où elles se trouvaient cette nuit-là. Ce n’est pas une frontière permanente». Par conséquent, le Retour à la ligne verte est exclu.

–  Jérusalem, capitale du futur État palestinien = Jérusalem divisée = accès aux lieux saints de nouveau interdit pour les Juifs.

Combien de Juifs de par le monde, croyants ou agnostiques, accepteraient de voir Jérusalem divisée comme elle le fut avant 67 ? Combien de Juifs de par le monde accepteraient de voir les lieux saints juifs sous autorité musulmane alors que pendant les deux décennies de domination jordanienne l’accès leur en était interdit , et ce en violation des accords de cessez-le-feu. Par conséquent, n’en déplaise aux Palestiniens et à tous les antisionistes juifs et non-juifs, Jérusalem est et restera la « capitale indivisible et unifiée » d’Israël.

– « Une solution viable pour les réfugiés » : C’est-à-dire?  Il faut lire le texte  pour s’apercevoir que solution viable signifie conforme à la Résolution 194 de l’ONU (11 décembre 1948). Et cette Résolution, que dit-elle ? Elle stipule que le Droit au retour des réfugiés est un « droit inaliénable ».

Or, Droit au retour = Supériorité numérique des « Palestiniens » dans l’État juif (6 millions de « Palestiniens » s’ajouteront aux 2 millions d’Arabes  israéliens) = Fin de l’État juif. Remplacement par un État arabo-musulman

Un « fantasme irréalisable » comme l’avait dit le porte-parole de Benjamin Netanyahou.

– La contrepartie: Israël pourra alors (1) jouir de relations normales avec les États arabes et (2) n’aura plus à redouter les terroristes palestiniens.  

En cas d’écheccar il faut envisager cette hypothèse, « Palestiniens » et Européens en sont parfaitement conscients- deux menaces planent alors sur Israël.

– La première a été proférée par la France qui, d’ores et déjà, a annoncé qu’elle prendrait « ses responsabilités », ce qui laisse sous-entendre qu’elle reconnaitrait l’État palestinien

– La seconde, celle que laissent planer les Palestiniens : le retour au terrorisme (Quand a-t-il cessé?!)

2 – Réactions des principaux intéressés à ce plan :

Les « Palestiniens » : Ils donnent leur accord au Plan saoudien en tous points. Rien à ajouter, rien à amender. Déjà en 2002, ils y avaient vu «l’offre la plus importante faite par le monde arabe depuis des décennies», et en 2007, lors du Sommet de Ryad, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, avait déclaré à propos de ce plan « Si cette initiative est anéantie, je ne crois pas que se présentera une meilleure chance de paix dans le proche avenir ».

En 2016, même discours : il met en garde les Israéliens contre un « anéantissement » de l’Initiative arabe » et rappelle qu’elle représente la « meilleure chance de paix dans le proche avenir ». Et il jouit du soutien du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault,  qui déclare « Si l’on ne sort pas de l’impasse, nous courons à la catastrophe ».

– Les Israéliens : Premièrement, le gouvernement israélien n’a pas fermé la porte à des négociations de paix qui aboutiraient à la création d’un État palestinien, mais il réitère pour la énième fois que  des négociations entre Israéliens et Palestiniens sont «le seul moyen de progresser vers la paix».

Deuxièmement, Netanyahou n’a pas rejeté le Plan d’Initiative arabe  comme l’a fait le gouvernement Sharon en 2002. Il accepte qu’il serve de base à des négociations, et il insiste sur la nécessité d’y apporter des amendements car (1) ce plan ne fait que reprendre les Résolutions de l’ONU concernant les points en question, des Résolutions qu’Israël a toujours rejetées; (2) il faut tenir compte de la réalité sur le terrain  et de  tous les évènements qui ont secoué le Moyen-Orient depuis cette date; et (3) accepter ce plan dans son intégralité, c’est pour Israël accepter d’être rayé de la carte du monde.

La réponse arabe à la demande d’amendements formulée par Israël est on ne peut plus claire : «L’Initiative de paix arabe » est très claire, a déclaré le ministre saoudien des affaires étrangères,  elle reste conforme aux Résolutions internationales, et dispose de tous les éléments nécessaires à une solution définitive ».

N’oublions pas qu’en 2002, et selon toute vraisemblance c’est vrai pour 2016, Ryad exigeait que sa proposition soit (1) «adoptée par une résolution du Conseil de sécurité ; (2) appuyée par les États-Unis, et (3) qu’Israël y souscrive sans conditions».

Conclusion :

1 – Le « Drôle » de Traité de paix : Après une guerre, c’est habituellement au vainqueur à imposer ses conditions. Les Européens le savent mieux que tout autre peuple. À titre d’exemple, il suffit de leur rappeler le Traité de Versailles assorti de conditions draconiennes imposées aux Allemands.

Selon toute logique, c’est donc à Israël, vainqueur des guerres qui lui ont été imposées, à imposer au vaincu des conditions pour la paix.

Or, la situation dans laquelle se trouve Israël est tout à fait ubuesque. En effet, le Plan d’Initiative arabe  permet aux vaincus d’imposer leurs  conditions, ce qui fait d’eux les vainqueurs de 48 et de 67.

Quant au vrai vainqueur, Israël, il devra se soumettre au diktat du vaincu! Israël devra accepter

  • le retour à l’insécurité;
  • le renoncement à ses lieux saints;
  • le renoncement à ses caractéristiques d’État juif.

Mais il aura droit à la normalisation de ses relations avec tous les États arabes et à des promesses de paix qui, ne nous le cachons pas,  ne seront certainement pas tenues.

Quand on sait ce qu’implique ce plan saoudien, on est en droit de se demander si les participants à la Conférence de Paris sont naïfs au point de s’imaginer qu’au vu de la détérioration de la situation dans son pays et de la priorité accordée à la sécurité, le gouvernement israélien est assez fou pour signer sa condamnation à mort.

Que s’imagine-t-on? Que les Israéliens sont aux abois, que lassés de craindre pour leur sécurité, ils sont maintenant prêts à tout abandonner? Qu’on les aura à l’usure?

Ou plutôt, il semble qu’on ait conclu naïvement qu’en abandonnant Gaza, les Israéliens ont accepté  la formule «  la Terre contre la paix » Et quand de surcroît  Israël déclare être prêt à reprendre sans conditions les négociations, les Palestiniens interprètent cette proposition comme un signe de faiblesse et ils accroissent alors leurs exigences.

2 – Quelle solution pour l’État juif ? Évidemment, on imagine mal l’État juif cédant au chantage « La Terre contre la paix». Conscient que le problème ne concerne pas les territoires, mais bien l’existence d’un État juif démocratique aux côtés des États arabes, le gouvernement israélien n’a qu’une seule solution : la Résistance. Et en évitant à tout prix de donner à l’ennemi le moindre signe de faiblesse. En matière de Résistance, les Juifs s’y connaissent. Ne résistent-ils pas depuis 2000 ans à toutes les tentatives de leurs ennemis pour les éradiquer?

De toute façon, le gouvernement n’a pas le choix. Car avec l’Initiative arabe,  les Palestiniens (les vaincus),  ont tout à gagner et rien à perdre, alors que les Juifs (les vainqueurs)  ont tout à perdre.

À moins qu’il n’ait le courage, au risque de provoquer un tollé de la communauté internationale, d’imposer ses conditions pour que les Palestiniens puissent vivre en paix avec les Juifs et ne plus connaître de privations. Parmi ces conditions figurerait la reconnaissance de l’ « État de Palestine » « judenrein » (sans Juifs) contre la reconnaissance de l’ « État juif » « moslemrein » (sans musulmans). Un autre de mes vœux pieux, un fantasme irréalisable !

© Dora Marrache pour Europe-Israël

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Netanyahu nie avoir qualifié le Plan de paix arabe d’ « universellement acceptable »

Le bureau du Premier ministre affirme que l’Initiative de 2002 n’a pas du tout été mentionnée durant la rencontre avec Poutine, contredisant en cela les annonces du ministre des Affaires étrangères russe

 
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu donne une conférence de presse avec le président russe, Vladimir Poutine, à Moscou, en Russie, le 7 juin 2016 (Crédit : Haim Zach / GPO)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu donne une conférence de presse avec le président russe, Vladimir Poutine, à Moscou, en Russie, le 7 juin 2016 (Crédit : Haim Zach / GPO)

« L’Initiative arabe n’a pas du tout fait l’objet de discussions durant la conversation avec le président Poutine », a affirmé le bureau du Premier ministre dans un communiqué, faisant référence à la rencontre de mardi avec Poutine au Kremlin.

S’exprimant lors d’une conférence de presse commune à Moscou avant des pourparlers avec son homologue palestinien Riyad al-Maliki, Lavrov a affirmé que Netanyahu avait décrit l’Initiative comme étant “universellement acceptable” durant ses discussions avec Poutine, a rapporté l’agence de presse étatique Interfax.

« Je vois une lueur d’espoir dans le fait que le Premier ministre Netanyahu ait pendant sa rencontre avec Poutine décrit l’Initiative de paix arabe comme étant un pas dans la bonne direction, pas qui pourrait être très utile. Je ne l’ai cependant pas entendu mentionner des amendements à l’Initiative de paix », a ajouté Lavrov, d’après la Dixième chaîne.

Le ministre des Affaires étrangères russe, Sergei Lavrov (à droite) s'adresse à son homologue palestinien Riyad al-Maliki alors qu'ils entrent dans un hall durant un meeting à Moscou, le 8 juin 2016 (Crédit : AFP PHOTO/KIRILL KUDRYAVTSEV)

L’Initiative, d’abord rédigée par l’Arabie Saoudite en 2002 et plus tard adoubée par la Ligue arabe, appelle à un retrait d’Israël de tous les territoires capturés durant la Guerre des six jours de 1967 en échange d’une normalisation des relations avec le monde arabo-musulman dans son ensemble.

En 2013, la Ligue arabe a montré une certaine flexibilité en permettant que, afin de trouver un accord final sur le conflit israélo-palestinien, des échanges de territoires “comparables”, faisant l’objet d’un accord mutuel, et “mineurs” puissent être envisagés.

Netanyahu a affirmé le mois dernier qu’il saluait le concept du plan, mais n’a pas franchi le pas d’une approbation complète.

Lavrov a annoncé aux journalistes que la Russie était “engagée pour une solution à deux Etats », et a mentionné que le problème de l’augmentation du terrorisme devait être géré à l’intérieur du cadre d’un accord de paix.

“Hélas, la situation ne s’est pas améliorée depuis notre dernière visite », a confié Lavrov à Maliki, comme le rapporte l’agence de presse étatique TASS. “Nous sommes convaincus que toutes les parties concernées devraient accomplir les efforts nécessaires pour corriger cette situation. Nous sommes engagés pour une solution à deux Etats en conformité avec les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies et les accords passés entre les deux parties ».

Durant sa rencontre de mardi avec Netanyahu, Poutine a exprimé son soutien pour une solution “globale et juste” au conflit israélo-palestinien.

S’exprimant lors d’une conférence de presse commune avec Netanyahu après leur pourparlers au Kremlin, Poutine a apporté son soutien à une solution à deux Etats et aux efforts d’Israël en matière de contre-terrorisme.

« Nous serons partenaires dans la lutte contre le terrorisme », a-t-il ajouté.

Netanyahu s’est rendu à Moscou lundi pour une visite de deux jours, sa quatrième rencontre avec Poutine en moins d’un an. Le Premier ministre a visité le Musée des tanks blindés de Moscou, musée où il a pu inspecter un tank de Tsahal capturé durant la première Guerre du Liban en 1982. Ce tank a été rendu à Israël par Poutine.

Le tank avait été capturé par les Syriens en 1982 et fut offert à la Russie. A présent, Poutine le rend à Israël.

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Netanyahu se servirait du plan saoudien pour esquiver l’Initiative française

Nabil Elaraby, chef de la Ligue arabe, a annoncé que le Premier ministre lorgne également vers des relations commerciales avec les Etats du Golfe et “ne veut pas vraiment de l’initiative arabe”

 
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Elaraby le 25 mars 2014 (Crédit : AFP/Yasser al-Zayyat)

Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Elaraby le 25 mars 2014 (Crédit : AFP/Yasser al-Zayyat)

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En entretien avec le journal quotidien pan-arabe Asharq Al-Awsat, Nabil Elaraby a rejeté l’hypothèse d’une ouverture nouvelle de Netanyahu vis-à-vis de l’Initiative de paix arabe, initiative qui appelle à un retrait israélien de tous les territoires pris durant la guerre es Six jours de 1967, et cela en échange de relations normalisées avec le monde arabe.

“Il ne veut pas vraiment de l’Initiative arabe ; ses conditions sont bien connues », ajoute Elaraby.

Le leader israélien « veut uniquement trouver une voie d’accès aux marchés du Golfe afin de renforcer l’économie », accuse Elaraby. “Nous n’allons pas changer le texte de l’Initiative ; pourquoi Netanyahu se réveille-t-il maintenant ? C’est uniquement afin d’esquiver les efforts français ».

Netanyahou a indiqué durant les dernières semaines qu’il pourrait être ouvert à des négociations de paix avec les Palestiniens sur la base d’une version mise à jour du plan arabe de 2002.

Il a annoncé la semaine dernière que l’initiative « incluait des éléments positifs qui pouvaient aider à raviver des négociations constructives avec les Palestiniens ».

Elaraby a ajouté que le communiqué final publié par les participants au Sommet sur la paix au Moyen-Orient de Paris, vendredi dernier, aurait pu être plus assertif dans ses demandes pour des progrès vers un Etat palestinien, mais que les Etats-Unis avaient fait campagne pour utiliser un langage moins fort.

Les participants à la conférence ministérielle à Paris, le 3 juin 2016 (Crédit : Capture d’écran Elysées)

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Les plans de paix israélo-palestinienne ne cessent d’affluer

Plusieurs propositions ont été formulées ces dernières semaines pour relancer les négociations et résoudre le long conflit du Moyen-Orient

 
Les participants à la conférence ministérielle à Paris, le 3 juin 2016 (Capture d’écran L'Elysée)

Les participants à la conférence ministérielle à Paris, le 3 juin 2016 (Capture d’écran L’Elysée)

Les conditions en Israël et dans les territoires de l’Autorité palestinienne peuvent ne pas sembler être exactement propices à la paix – Israël vient de former ce qui est sans doute le gouvernement le plus à droite de son histoire, et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas est vieillissant et de moins en moins populaire.

Pas moins de quatre propositions de paix israélo-palestinienne ont été soumises au cours des dernières semaines, venant de plusieurs pays, dirigeants et organisations.

  • Une conférence d’une vingtaine de pays a réitéré, vendredi, à Paris, la nécessité d’une solution à 2 Etats.
  • Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi aurait incité Netanyahu et Abbas à se rencontrer au Caire.
  • Cette semaine, l’Israel Policy Forum, basé aux États-Unis, un groupe pro-israélien de centre-gauche, a présenté deux plans qui ont pour but de jeter les bases de la sécurité pour un traité de paix.

Et malgré leurs limites, Netanyahu et Abbas ont tous deux dit qu’ils sont partants pour des pourparlers. Netanyahu a déclaré dimanche son attachement à une solution à 2 Etats et a salué l’Initiative de paix arabe. Le mois dernier, JTA avait rapporté qu’Abbas aurait envoyé à Netanyahu au cours des dernières années 3 propositions de négociation distinctes.

Alors la paix est-elle à l’horizon, ou bien est-ce que ce ne sont que des paroles ? Voici les plans sur la table, que disent Israël et l’Autorité palestinienne et pourquoi ces efforts arrivent tous maintenant ?

Trois chemins pour la paix : une intervention internationale, un allié de confiance ou des étapes construisant la confiance

Le sommet de Paris qui a eu lieu vendredi a été préparé depuis plus d’un an. Il était basé sur l’idée que, après plus de deux décennies de pourparlers entre Israéliens et Palestiniens qui ne débouchent sur rien, il était temps pour la communauté internationale de prendre un rôle plus actif. Près de 30 pays ont participé au sommet ; mais ni les Israéliens ni les Palestiniens n’y ont été invités.

La conférence a pris fin au bout de cinq heures avec une déclaration demandant aux Israéliens et aux Palestiniens de montrer « un véritable engagement dans la solution à 2 Etats dans le but de rétablir la confiance ».

La France, qui a organisé la réunion, prévoit de convoquer à l’automne une autre conférence, avec Israël et les Palestiniens. Mais alors que l’Autorité palestinienne a salué l’initiative, Israël a soulevé des objections, disant que le seul chemin pour la paix passe par des négociations directes. Israël s’oppose en particulier à un engagement français visant à reconnaître un Etat palestinien si les pourparlers échouaient.

(De gauche à droite) Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, le président français François Hollande et le Secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon posent lors d'une réunion internationale et inter-ministérielle dans le but de relancer le processus de paix israélo-palestinien, à Paris, le 3 juin 2016. (Crédit : AFP photo / Pool / Stephane de SAKUTIN)

L’initiative de Sissi, que le site israélien Ynet a évoquée la semaine dernière, est peut-être plus prometteuse. Sissi espère organiser une réunion tripartite entre l’Egypte, Israël et l’Autorité palestinienne visant à reprendre les négociations. Israël considère Sissi comme un partenaire de confiance pour la sécurité, et il est un allié d’Abbas – alors il pourrait être plus en mesure d’amadouer les deux parties à la table.

Sissi a prononcé le 17 mai un discours exhortant la relance des négociations. L’Egypte ne voulait pas diriger l’initiative, a-t-il dit, mais « ferait tous les efforts » pour parvenir à la paix.

Une troisième initiative, dans le même temps, est venue d’une coalition de responsables militaires américains et israéliens dans l’espoir de rassurer les Israéliens qu’un Etat palestinien ne nuirait pas à leur sécurité. Ils voient les craintes israéliennes de sécurité comme l’un des principaux obstacles à la paix.

Le plan des commandants pour la sécurité d’Israël [PDF], un groupe d’anciens généraux pacifistes, appelle Israël à achever sa barrière de sécurité autour de la Cisjordanie, à geler la construction d’implantations en dehors de la barrière et d’offrir des primes aux habitants des implantations pour les inciter à déménager en Israël.

Le plan demande à Israël de renoncer à la souveraineté sur la Cisjordanie et de reconnaître que des parties de Jérusalem-Est seront inclues dans futur Etat palestinien.

Un plan parallèle du Centre pour une nouvelle sécurité américaine [PDF] se concentre sur les détails des arrangements de sécurité dans un futur Etat palestinien.

Il appelle à un retrait israélien progressif de la Cisjordanie sur la base d’un calendrier et de mesures. Il placerait également une force de sécurité américaine dans la vallée du Jourdain, qui est la frontière entre la Cisjordanie et la Jordanie.

Les deux plans des CIS et du CNAS ont été promus par l’Israel Policy Forum, un groupe de dirigeants de la communauté juive visant à renforcer le soutien à une solution à 2 Etats.

Tant Netanyahu qu’Abbas disent qu’ils sont prêts – mais ne se rencontreront pas

Les deux hommes ne se sont pas rencontrés officiellement depuis 2010. Chacun insiste pour dire qu’il n’est pas l’obstacle à une reprise de pourparlers. Netanyahu a récemment appelé à plusieurs reprises à des entretiens directs et a salué le discours de Sissi.

Il a prononcé des éloges sur l’Initiative de paix arabe, une proposition de 2002 de la Ligue arabe qui appelle à des relations complètes avec Israël en échange d’un Etat palestinien, le retrait israélien de la Cisjordanie et du plateau du Golan, et une solution négociée pour les réfugiés palestiniens.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu  (à gauche) avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas lors de la photo de famille de la COP21, la conférence des Nations unies sur le changement climatique, au Bourget , le 30 novembre 2015 (Crédit photo : Martin Bureau/Pool/AFP)

« L’Initiative de paix arabe comprend des éléments positifs qui peuvent aider à relancer les négociations constructives avec les Palestiniens », a-t-il dit dimanche à la Knesset. « Nous sommes prêts à négocier avec les Etats arabes sur des révisions dans cette initiative afin qu’elle reflète les changements dramatiques dans la région depuis 2002, tout en maintenant l’objectif convenu de 2 Etats pour 2 peuples ».

Abbas dit aussi qu’il est attaché à la paix. Gershon Baskin, un Israélien qui a agi comme intermédiaire non officiel entre Israël et les dirigeants palestiniens, a révélé le mois dernier à JTA qu’il a personnellement transmis au cours des trois dernières années au bureau de Netanyahu trois propositions d’Abbas des pourparlers directs. Le porte-parole de Netanyahu a démenti l’affirmation. Et dans une interview en mars sur la Deuxième chaîne israélienne, Abbas a dit qu’il était « prêt à rencontrer Netanyahu partout, en tout temps ».

Mais les déclarations des dirigeants n’ont mené à rien. Abbas refuse de rencontrer Netanyahu en l’absence d’engagements ou de concessions israéliennes préalables. Il n’aurait pas non plus le soutien de ses électeurs, selon certains sondages.

Netanyahu, quant à lui, refuse de participer à des conférences de paix internationales, exigeant seulement des pourparlers directs, comme ce fut le cas avec Amman et Le Caire. En outre, le parti pro-implantations HaBayit HaYehudi, ainsi que beaucoup dans le Likud, son propre parti, s’opposent à un Etat palestinien.

Les observateurs craignent que la porte pour la paix ne se referme

En dépit des conditions défavorables, les défenseurs de la paix disent qu’il y a un besoin urgent pour une nouvelle série de négociations. Ils affirment que la croissance continue de la construction dans les implantations, ainsi que le désenchantement croissant parmi les Israéliens et les Palestiniens, signifient qu’une solution à 2 Etats pourrait bientôt être impossible à atteindre.

Les actions israéliennes et palestiniennes mettent « dangereusement en péril les perspectives d’une solution à 2 Etats », a déclaré un communiqué publié par les ministres des Affaires étrangères participant à la conférence de Paris, qui « a souligné que le statu quo n’est pas viable ».

Même si les pourparlers sont improbables, des propositions détaillées sont importantes, a dit Ilan Goldenberg, auteur principal de l’étude du Center for a New American Security. En montrant aux Israéliens et aux Palestiniens qu’un accord est encore possible, a-t-il expliqué, l’étude maintient en vie la possibilité pour la paix jusqu’à ce que Netanyahu et Abbas soient prêts.

« Abbas et Bibi ont une relation personnelle compliquée, et cela rend les choses plus difficiles à court terme », a-t-il dit jeudi lors d’un point de presse, en utilisant le surnom de Netanyahu. « Mais cela ne signifie pas que ce n’est pas la solution à long terme ».

 

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Communiqué final du sommet de Paris du 3 juin 2016

« Les participants se sont réunis à Paris le 3 juin, 2016 pour réaffirmer leur soutien à une solution juste, durable et global du conflit israélo-palestinien »

Les participants à la conférence ministérielle à Paris, le 3 juin 2016 (Capture d’écran L'Elysée)

Les participants à la conférence ministérielle à Paris, le 3 juin 2016 (Capture d’écran L’Elysée)

« Ils ont réaffirmé qu’une solution négociée à deux Etats est la seule façon de parvenir à une paix durable, avec deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité. Ils sont inquiets que les actions sur le terrain, en particulier les actes continus de violence et les activités de colonisation en cours, mettent dangereusement en péril les perspectives d’une solution à deux Etats.

« Les participants ont discuté des moyens possibles à travers lesquels la communauté internationale pourrait aider à faire progresser les perspectives de paix, y compris en fournissant des incitations significatives pour les parties à faire la paix. Les participants ont également mis en évidence le potentiel pour garantir la paix et la sécurité régionale comme prévu par l’Initiative de paix arabe.

« Les participants ont souligné le rôle essentiel du Quatuor et les parties prenantes régionales clés. Ils se sont félicités de l’offre des pays intéressés à contribuer à cet effort. Ils ont également salué l’offre de la France de coordonner, et la perspective de convoquer avant la fin de l’année une conférence internationale ».

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Hollande exhorte Israéliens et Palestiniens à faire « le choix courageux de la paix »

Le chef de l’État français a souligné qu’en cas d’échec de l’initiative de paix de son pays, « le vide sera forcément rempli par les extrémistes »

 
Les participants à la conférence ministérielle à Paris, le 3 juin 2016 (Capture d’écran L'Elysée)

Les participants à la conférence ministérielle à Paris, le 3 juin 2016 (Capture d’écran L’Elysée)

Le président français François Hollande a jugé vendredi que la paix entre Israéliens et Palestiniens devait prendre en compte les « bouleversements » intervenus dans « l’ensemble de la région », en ouvrant une conférence internationale à Paris.

« Le choix courageux de la paix » revient in fine aux seuls Israéliens et Palestiniens, a poursuivi M. Hollande devant les ministres et représentants d’une trentaine de pays occidentaux, arabes, de l’ONU et de l’Union européenne mais sans les deux principaux intéressés.

« La discussion sur les conditions d’un règlement définitif entre Israéliens et Palestiniens doit prendre en compte l’ensemble de la région », a déclaré le chef de l’Etat français.

« Nous ne pouvons nous substituer » aux parties en conflit, a ajouté François Hollande, estimant qu’il reviendrait aux Israéliens et Palestiniens de « faire le choix courageux de la paix ».

M. Hollande a souligné qu’en cas d’échec du processus de paix, « le vide sera forcément rempli par les extrémistes ».

La conférence, qui rassemble les ministres et représentants d’une trentaine de pays occidentaux, dont le secrétaire d’Etat américain John Kerry, arabes, l’ONU et l’UE, se déroule sans les deux principaux intéressés et vise avant tout à réaffirmer solennellement l’engagement international en faveur de la solution à deux Etats.

« Nous devons rassurer Israéliens et Palestiniens pour qu’ensuite ils reprennent le chemin de la négociation », a ajouté François Hollande, reconnaissant qu’il y a avait « des doutes, notamment en Israël », sur l’initiative française.

 

« Le temps n’est pas un facteur neutre, étant donné l’érosion constante de la solution à deux états. Une approche ouverte ne prendrait pas en compte la réalité sur le terrain et les risques constants d’escalade », peut-on lire dans un document interne que le ministère des Affaires étrangères a envoyé aux participants.

« Les ministres seront d’accord sur le principe qu’un planning clair devra être établi pour les négociations lorsqu’elles reprendront, et qu’un examen provisoire pourrait être nécessaire afin d’observer le sérieux du processus ».

Ce document, révélé pour la première fois dans Haaretz, appelle la communauté internationale à explorer les questions centrales du conflit et ainsi « aider à proposer de solutions, à offrir de l’assistance et des garanties pour leur mise en place. Cela peut leur fournir un cadre pour les accompagner dans leurs conclusions ».

Les ministres de Affaires étrangères sont encouragés « à être d’accord sur une déclaration commune que la solution à deux états est l’unique option, qui est sérieusement menacée et a besoin d’être préservée ; (b) sur le réaffirmation du soutien concret qu’il seraient prêts à apporter pour faciliter la préservation de la solution à deux états et sa mise en place ; (c) un point de vue commun sur comment revigorifier le processus de paix, et quel devrait être le but d’une conférence ; (d) sur une série de tâches et d’actions devant être menées en préparation de la conférence ; (e) sur une méthode et un planning pour la conférence ».

Selon le ministère français des Affaires étrangères, les ministres des Affaires étrangères invités, ainsi que les représentants d’institutions comme les Nations unies, l’Union européenne et la Ligue Arabe commenceront par examiner « la situation sur le terrain ».

Des discussions ultérieures se concentreront sur les « détails de l’organisation d’une conférence internationale devant avoir lieu avant la fin de l’année prochaine, avec les Israéliens et les Palestiniens », a expliqué le ministre.

Une feuille de route officielle sur la conférence distribuée cette semaine par le gouvernement français explique la logique derrière tout cela, souligner l’expansion des implantations israéliennes comme une raison clef de la détérioration de la situation sur le terrain. « La solution à deux états est constamment menacée, particulièrement en ce qui concerne les activités d’implantation », peut-on lire dans le document.

« Les crises qui affectent la région n’ont en rien réduit l’importance du conflit israélo-palestinien. C’est à nous d’agir pour recréer un climat politique qui encourage des négociations bilatérales renouvelées entre les deux parties actuellement dans une impasse », précise la feuille de route.

Saëb Erekat, numéro deux de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), a qualifié vendredi de « lueur d’espoir » l’initiative française pour relancer l’effort de paix avec les Israéliens, qui se concrétisait le même jour avec une réunion internationale à Paris.

Erekat a réclamé que l’initiative française fixe « un cadre et un calendrier clairs » pour la création d’un Etat palestinien, dans une contribution publiée sur le site internet du quotidien israélien Haaretz et du Monde.

« L’initiative française est la lueur d’espoir que la Palestine attendait et nous avons confiance dans le fait qu’elle fournira un cadre clair, avec des paramètres définis, pour que les négociations reprennent », a écrit Erekat.

« Bien qu’elle représente un rayon d’espoir, nous ne nous faisons aucune illusion sur le fait que cette conférence aboutirait miraculeusement à l’arrêt immédiat du colonialisme israélien », mais elle doit être un « engagement qui n’a que trop tardé de la part de la communauté internationale à forcer Israël (…) à reconnaître que la voie à suivre est celle de la solution à deux Etats avant qu’il ne soit trop tard », poursuit-il.

Erekat affirme que, depuis plus de 20 ans, les négociations bilatérales, que le gouvernement israélien réclame au lieu de pourparlers multilatéraux, « ont échoué à cause de l’intransigeance d’Israël, de son refus de reconnaître les droits nationaux palestiniens et de l’expansion de l’entreprise de colonisation ».

Saeb Erekat, secrétaire général de l'Organisation de la libération de la Palestine (OLP), à Ramallah le 23 novembre 2015. (Crédit : AFP PHOTO / ABBAS MOMANI)

L’initiative doit créer « un environnement » dans lequel Israéliens et Palestiniens négocieraient d’égaux à égaux et où la communauté internationale ferait respecter la loi internationale et favoriserait la « solution à deux Etats », estime Erekat.

La conférence doit faire porter ses efforts sur « la matérialisation de l’indépendance palestinienne sur le terrain, avec un cadre et un calendrier clairs », a-t-il insisté.

« Sauf que (ces négociations directes) cela ne marche pas (…) tout est bloqué », a rétorqué vendredi le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault à Dore Gold qui a indiqué la veille que l’initiative française échouera.

« Aujourd’hui, ils ne dialoguent pas, la colonisation se poursuit, la violence se développe, le désespoir s’installe, la propagande de Daech (acronyme arabe du groupe Etat islamique) et d’Al-Qaïda se développe dans tous ces territoires et c’est extremêment dangereux ».

« Il faut créer un climat de confiance pour que les Israéliens et Palestiniens puissent discuter (…) Nous ne voulons pas (le) faire à leur place, nous voulons les aider », a argumenté Jean-Marc Ayrault.

 

Les dernières négociations directes, menées sous égide américaine, ont échoué en 2014. Le Proche-Orient reste une éternelle poudrière, et même s’il s’agit d’ »un conflit de basse intensité », la situation empire de façon régulière.

« Évidemment, on ne va pas faire la paix tout de suite entre Israéliens et Palestiniens », répètent les diplomates français, qui insistent sur « la modestie », le « pragmatisme » et la « lucidité » de la démarche.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault (g) accueille le secrétaire d'Etat américain John Kerry à son arrivée pour une réunion internationale et interministérielle dans le but de relancer le processus de paix israélo-palestinien, à Paris, le 3 Juin 2016. (Crédit : AFP POOL / STEPHANE DE SAKUTIN)

Concrètement, les participants n’entreront pas vendredi dans les détails ni les paramètres d’une future négociation, inscrits dans de nombreuses résolutions et textes internationaux. Mais Paris souhaite la mise en place de groupes de travail autour de thèmes précis comme des incitations économiques pour faire la paix, des mesures pour faire baisser la tension sur le terrain, des garanties de sécurité régionale.

L’initiative arabe de 2002, qui proposait des relations normalisées avec Israël dans le cadre d’une paix globale et d’un retrait israélien des Territoires palestiniens, est également envisagée comme une piste à relancer, selon les sources diplomatiques.

La démarche française se heurte cependant à de multiples obstacles. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu répète qu’il est prêt à reprendre les négociations directes, mais nombre de commentateurs le soupçonnent simplement de jouer la montre.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à droite) avec le secrétaire d'Etat américain John Kerry, à Berlin, le 22 octobre 2015. (Crédit : Amos Ben Gershom / GPO)

Une autre interrogation porte sur le niveau d’implication, au-delà d’un intérêt poli, des Etats-Unis, acteurs incontournables sur le dossier.

Le secrétaire d’Etat John Kerry, médiateur malheureux des négociations israélo-palestiniennes en 2013 et 2014, sera certes à Paris. Mais « nous n’apportons aucune proposition spécifique », et « n’avons pris aucune décision sur ce que pourrait être notre rôle », a bien souligné jeudi un haut responsable du département d’Etat.

« Les négociations bilatérales entre Israéliens et Palestiniens durent depuis 25 ans, sous le parrainage des seuls Américains, et n’ont abouti à rien. Une intervention internationale est nécessaire pour sauver la solution à deux Etats », estime l’ambassadeur palestinien à Paris, Salman El Herfi.

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La Ligue arabe soutient l’initiative de paix française

Nabil al-Arabi a qualifié l’Etat hébreu de « dernier bastion du fascisme, du colonialisme et de la discrimination raciale dans le monde »

 
Nabil al-Arabi (Crédit : AFP PHOTO/YASSER AL-ZAYYAT)

Nabil al-Arabi (Crédit : AFP PHOTO/YASSER AL-ZAYYAT)

Les ministres arabes des Affaires étrangères réunis au Caire en présence du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas ont voté une résolution soutenant l’initiative française d’une conférence internationale à Paris sur le Proche-Orient.

Au cours d’une réunion extraordinaire de la Ligue arabe, les chefs des diplomaties arabes ont adopté une résolution soutenant « l’initiative française et tous les efforts arabes et internationaux » pour des pourparlers de paix entre Israël et les Palestiniens.

En visite en Israël et dans les Territoires palestiniens du 21 au 24 mai, le Premier ministre français Manuel Valls s’était heurté à l’opposition israélienne au projet français de conférence internationale, son homologue Benjamin Netanyahu proposant à la place des discussions bilatérales à Paris.

Mais le Premier ministre de l’Autorité palestinienne, Rami Hamdallah a rejeté l’offre israélienne, accusant les Israéliens de paralyser les discussions.

« Nous avons beaucoup essayé avec le gouvernement israélien de faire appliquer des traités signés et de faire respecter nos engagements et les leurs, mais ils refusent », a-t-il affirmé samedi.

Paris dit vouloir remobiliser la communauté internationale autour d’une « solution à deux Etats » à la faveur d’une grande conférence qui aurait lieu à l’automne avec les Israéliens, les Palestiniens et les grands acteurs concernés.

Pour en jeter les bases, elle doit réunir le 3 juin les chefs de la diplomatie d’une vingtaine de pays et les représentants de grandes organisations internationales, mais sans les Israéliens et les Palestiniens pour ne pas vouer d’emblée l’effort à l’échec.

Le constat français est que les négociations directes israélo-palestiniennes n’ont mené nulle part ces dernières années et que le statu quo menace de dégénérer en une nouvelle escalade.

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