Que cache la purge historique au sein du Royaume Wahhabite ?

NdlR : ça bouge du côté de la Mecque ! La bataille pour leadership des lieux saints musulmans est entrée dans une nouvelle phase… ultime ? Depuis son humiliation au Yémen, en Syrie, au Qatar, l’Arabie Saoudite s’affole et est pressé par Trump de réagir. Direction le LIBAN pour ne découdre avec l’ennemi chiite ? En tous cas, la purge sous prétexte de lutte anti-corruption nous fait bien rire !!!!  

En Arabie saoudite, une purge visant des princes, des ministres et des hommes d’affaires

Ces arrestations, ordonnées par la commission anticorruption dirigée par le prince Mohammed Ben Salman, seraient une manière d’étouffer les contestations internes.

 

 

La commission, qui a ordonné les interpellations, est dirigée par le prince héritier Mohammed Ben Salman (ici à Riyad, le 24 octobre).Des dizaines de princes, de ministres et d’hommes d’affaires ont été arrêtés en Arabie saoudite lors d’une « opération anticorruption » qualifiée de « décisive » par les autorités, dimanche 5 novembre. Selon le pouvoir saoudien, il s’agit de onze princes, quatre ministres en exercice et plusieurs dizaines d’ex-membres du gouvernement, dont les comptes bancaires seront gelés.

A l’origine de cette purge : une commission anticorruption, dont la création a été annoncée ce week-end par le roi Salman et qui est dirigée par le prince héritier, Mohammed Ben Salman, âgé de 32 ans.

L’identité de toutes les personnes interpellées n’est pas encore connue. La présence de Miteb Ben Abdullah, fils de l’ancien roi et chef de la garde nationale, du ministre de l’économie, Adel Fakih, d’Abdallah Al-Sultan, chef de la marine, et surtout du prince milliardaire Al-Walid Ben Talal ont néanmoins été confirmées par Riyad.

Le milliardaire Al-Walid Ben Talal parmi les interpellés

Al-Walid Ben Talal, dont la fortune est estimée à 17 milliards de dollars (14,6 milliards d’euros) par le magazine Forbes, est un acteur de premier plan dans le monde financier saoudien. Il possède des participations dans la banque américaine Citigroup, Twitter (5,2 %), Lyft (5,3 %) et Time Warner via sa société Kingdom Holding. Il avait récemment racheté à Crédit agricole la moitié environ d’une participation de 31,1 % dans l’établissement saoudien Banque Saudi Fransi.

Alwalid est également réputé pour son franc-parler. A cet égard, il avait fait parler de lui en 2015 lorsqu’il avait jugé que Donald Trump, alors en pleine campagne électorale, était une « honte ».

Al-Walid Ben Talal, dont la fortune est estimée à 17 milliards de dollars (14,6 milliards d’euros) par le magazine Forbes, est un acteur de premier plan dans le monde financier saoudien.La commission anticorruption a ouvert des enquêtes sur des affaires, pour certaines assez anciennes, dont une concerne les inondations meurtrières ayant dévasté la ville de Jeddah, à l’ouest, en 2009.

Avec ces arrestations, « le royaume ouvre une nouvelle ère et une politique de transparence, de clarté et de responsabilité », a déclaré le ministre des finances Mohammed Aljadaan, ajoutant que ces actions « décisives préserveront le climat pour les investissements et renforceront la confiance dans l’Etat de droit ». Le conseil des religieux a soutenu ce coup de filet, insistant sur le fait que la lutte contre la corruption était « aussi importante que le combat contre le terrorisme ».

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Arabie « modérée, ouverte et tolérante »

Contrôlant les principaux leviers du gouvernement, de la défense à l’économie, le prince héritier Mohammed Ben Salman semble chercher à étouffer les contestations internes avant tout transfert formel du pouvoir par son père, le roi Salman, âgé de 81 ans. Cette vaste purge a lieu moins de deux semaines après une intervention choc faite à un forum économique d’investisseurs, le 24 octobre à Riyad. Ce jour-là, il avait promis une nouvelle Arabie « modérée, ouverte et tolérante », en rupture avec l’image d’un pays longtemps considéré comme l’exportateur du wahhabisme, version rigoriste de l’islam qui a nourri nombre de djihadistes à travers le monde :

« Nous n’allons pas passer trente ans de plus de notre vie à nous accommoder d’idées extrémistes et nous allons les détruire maintenant ».

En septembre, les autorités avaient annoncé la levée de l’interdiction faite aux femmes de conduire – une révolution – mais, peu auparavant, celles-ci avaient déjà procédé à des arrestations dans les milieux religieux et intellectuels. Des organisations humanitaires avaient alors dénoncé « l’autoritarisme » du prince héritier.

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Fin octobre, le prince héritier a promis une Arabie « modérée », en rupture avec l’image d’un pays longtemps considéré comme l’exportateur du wahhabisme, une version rigoriste de l’islam qui a nourri nombre de djihadistes à travers le monde.

Le prince a lancé plusieurs chantiers de réformes – droit de conduire pour les femmes et ouvertures de cinémas notamment – qui marquent le plus grand bouleversement culturel et économique de l’histoire moderne du royaume, avec une marginalisation de fait de la caste des religieux conservateurs.

Dans le même temps, il a œuvré pour renforcer son emprise politique sur le pouvoir, procédant notamment à une vague d’arrestations de dissidents, dont des religieux influents et des intellectuels.

 

Arabie saoudite: Plus de 200 personnes arrêtées dans la purge anticorruption

ENQUETE Cette annonce intervient sur fond de réformes choc dans le royaume ultraconservateur sous l’impulsion du jeune prince héritier Mohamed ben Salmane…

Une affiche représentant le prince saoudien Mohammed ben Salmane

Une affiche représentant le prince saoudien Mohammed ben Salmane — IBRAHIM CHALHOUB / AFP 

C’est une purge anticorruption sans précédent. Plus de 200 personnes ont été arrêtées en Arabie saoudite, parmi lesquelles des princes, ministres et hommes d’affaires, ont indiqué jeudi les autorités saoudiennes.

Cette annonce intervient sur fond de réformes choc dans le royaume ultraconservateur sous l’impulsion du jeune prince héritier Mohamed ben Salmane. Elle survient aussi dans un climat de plus en plus tendu avec l’Iran et après la démission du Premier ministre libanais Saad Hariri (proche de Ryad), un an après avoir formé un gouvernement avec le Hezbollah pro-iranien.

Des sommes qui atteignent 100 milliards de dollars

« Un total de 208 personnes ont été convoquées pour interrogatoire jusqu’à présent. Sur ces 208 personnes, sept ont été relâchées sans être inculpées. L’ampleur potentielle des actes de corruption révélés est très grande », a indiqué le procureur général du royaume dans un communiqué.

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Les sommes concernées par ces malversations atteignent 100 milliards de dollars (86,1 milliards d’euros) « sur quelques dizaines d’années », selon la même source, qui parle d’une enquête sur trois ans.

Des princes, parmi lesquels le célèbre milliardaire Al-Walid ben Talal, des ministres ainsi que des hommes d’affaires ont été appréhendés samedi soir lors d’une opération coup de poing qui fait suite à la mise en place d’une nouvelle commission anticorruption présidée par le prince héritier, dont l’emprise sur le pouvoir est croissante. Les autorités ont gelé les comptes bancaires des suspects et prévenu que tout actif qui serait lié à des affaires de corruption serait saisi au profit de l’Etat.

Raisons politiques ?

Les personnalités arrêtées [et détenues dans un lieu non précisé par les autorités] vont être jugées devant un tribunal, a indiqué lundi le procureur général.

Mais cette vague d’arrestations pourrait aussi faire partie d’une lutte pour le pouvoir, a souligné mercredi Human Rights Watch (HRW). Elle intervient en tout cas au moment où Mohammed ben Salmane consolide son pouvoir et tente d’introduire des réformes économiques et sociales inédites.

>> A lire aussi : Mohammed ben Salmane, l’homme «féroce» et «pressé» d’occuper le trône d’Arabie saoudite

Contrôlant les principaux leviers du gouvernement, de la défense à l’économie, le jeune prince héritier semble chercher à étouffer les contestations internes avant tout transfert formel du pouvoir par son père, le roi Salmane, âgé de 81 ans.

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Mohammed ben Salmane, l’homme «féroce» et «pressé» d’occuper le trône d’Arabie saoudite

MOYEN-ORIENT Le prince héritier de 32 ans a écarté, ce week-end, de son chemin une quarantaine de personnalités publiques et d’opposants au nom de la lutte anticorruption…

Mohammed ben Salmane, dit MBS, est le prince héritier d'Arabie saoudite.

Mohammed ben Salmane, dit MBS, est le prince héritier d’Arabie saoudite. — FAYEZ NURELDINE / AFP

  • A 32 ans, Mohammed ben Salmane est le prince héritier d’Arabie saoudite.
  • Ce week-end, il a fait arrêter une quarantaine de personnalités publiques.
  • Il mise sur la jeunesse pour succéder à son père sur le trône du Royaume.

La journaliste Clarence Rodriguez* a travaillé pendant dix ans en Arabie saoudite. Elle en a ramené une connaissance fine de ce pays, illustrée par quelques images marquantes. « On a l’habitude de dire que la société saoudienne avance à la vitesse d’un chameau. Mohammed ben Salmane est, lui, au volant d’un bulldozer ! » résume-t-elle.

>> Les faits: Une quarantaine de personnalités publiques arrêtées

Ce week-end, le prince héritier âgé de 32 ans a donc écarté de son chemin vers le pouvoir une quarantaine de personnalités publiques, ministres, princes milliardaires et opposants politiques. Au nom de la lutte anticorruption, ils ont été arrêtés. Leurs comptes bancaires bloqués. Leurs jets privés cloués au sol.

Les personnalités arrêtées seraient retenues dans l'hôtel Ritz-Carlton de Riyad.
Les personnalités arrêtées seraient retenues dans l’hôtel Ritz-Carlton de Riyad. – FAYEZ NURELDINE / AFP

Il apparaît à la tribune en simple tunique blanche

« De l’extérieur, cela paraît impressionnant, commente François-Aïssa Touazi, un ancien diplomate reconverti dans le privé. Mais ce n’est pas surprenant. La lutte anticorruption est l’une des priorités de Mohammed ben Salmane. Il en avait parlé dès qu’il a commencé à être connu. » C’était il y a deux ans à peine.

Le visage déjà mordoré par une épaisse barbe noire, celui que les médias commencent à surnommer « MBS » apparaît alors à la tribune d’une réunion de l’élite saoudienne dans l’hôtel Ritz-Carlton de Riyad. Comme le raconte Le Monde, ce jour-là, c’est autant son « plan de transformation nationale » qui marque les esprits que son thawb, la simple tunique blanche qu’il arbore alors que les hommes de l’assemblée ont tous revêtu la bisht, cette cape aux liserés dorés réservée aux grandes occasions.

Dans un pays où les traditions pèsent bien plus qu’ailleurs, « MBS fait fi des préceptes et des diktats, poursuit Clarence Rodriguez. Il fait fi de tout ce qui s’est passé avant lui. C’est un homme pressé. »

Le fils du roi Salmane et de sa favorite

Pour pouvoir faire cela, Mohammed ben Salmane bénéficie d’un soutien de poids. Son père, le roi Salmane en personne. MBS est le fils qu’il a eu avec sa troisième épouse, sa favorite. Contrairement aux autres enfants, MBS a délaissé les prestigieuses facultés américaines ou anglaises pour se contenter d’une licence de droit à l’université du Roi-Saoud, à Riyad et rester au plus proche de la figure tutélaire.

Le roi Salman.
Le roi Salman. – BANDAR AL-JALOUD / SAUDI ROYAL PALACE / AFP

Suffisant pour se voir bombarder ministre de la Défense en 2015. C’est à ce titre qu’il déclenche les opérations militaires au Yémen contre les rebelles houthistes. C’est aussi à ce moment qu’il gagne le surnom de « Féroce ». Père de quatre enfants, il commence alors à étendre son influence, profitant de l’âge avancé de son père.

>> A lire aussi : Economie. Comment l’Arabie Saoudite prépare l’après-pétrole

Après avoir écarté l’héritier au trône qui n’est autre que son cousin, il dévoile alors son grand projet économique. Le plan « Vision 2030 », ou comment offrir à l’Arabie saoudite un nouvel avenir alors que le prix du baril de pétrole s’effondre de jour en jour.

Un palais de 5 000 m² dans les Yvelines

Surtout, il s’assure de l’appui des classes moyennes en repliant doucement le voile religieux qui plane depuis des siècles sur le pays. « Il a accordé aux femmes le droit de conduire et celui d’assister à des rencontres sportives dans trois stades du pays. Il a aussi permis l’ouverture de cinémas », liste Clarence Rodriguez.

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Très patriotes, les 70 % de Saoudiens qui ont moins de 30 ans lui seront aussi gré de lutter contre la corruption et l’entre-soi qui ont gangrené le pouvoir ces dernières années. Un point sur lequel MBS mise pour accéder sans heurts au trône à la mort de son père.

A condition qu’ils ne découvrent pas qu’il a investi des millions de dollars dont la provenance reste inconnue pour s’offrir un palais de 5 000 m² à Louveciennes (Yvelines), comme l’a révélé Mediapart, en juillet. « Les jeunes l’attendent au tournant, résume Clarence Rodriguez. S’ils s’aperçoivent qu’ils ont été trahis dans leurs espoirs, ils ne lui feront pas de cadeau. »

 

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